Menée en quinze jours, l’enquête n’était pas très approfondie. Mais Bayrou avait fixé ses exigences : annoncer un déficit de plusieurs dizaines de milliards d’euros, bien au-delà des 15 milliards prévus par le Conseil d’orientation des retraites (COR) à l’horizon 2030. Devant le Parlement, en janvier, Bayrou était allé jusqu’à évoquer un déficit de 55 milliards d’euros.

Pour obtenir le chiffre de déficit souhaité, Bayrou veut qu’on y intègre une partie des versements de l’État aux caisses de retraites, ce qui revient à changer la façon habituelle d’établir les comptes du système de retraite.

Pouvoir annoncer un déficit « abyssal » grâce à cette manipulation comptable permet d’alimenter une campagne dans l’opinion pour préparer de nouvelles attaques contre les retraites. Les discours sur la nécessité d’une dose de retraite par capitalisation vont dans le même sens. Avec un tel point de départ, le conclave risque donc de n’être qu’une entrée en matière pour tenter d’imposer de nouveaux reculs aux salariés, alors même que les effets catastrophiques de la dernière réforme ne se font pas encore sentir pleinement.

C’est d’autant plus choquant que les profits des grands groupes ont explosé ces dernières années. L’argent ne manque pas qui permettrait aux anciens de partir à un âge raisonnable et avec des retraites suffisantes pour vivre dignement. Il n’y a aucune raison d’accepter de tels reculs.