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Dans les entreprises
Renault-Sovab : des centaines de licenciements
705 renvois d’intérimaires, fin de l’équipe de nuit et réorganisation des équipes affectant la vie de pratiquement l’ensemble des travailleurs : c’est en fait un énorme plan de licenciements que Renault Sovab a mis en œuvre à Batilly près de Metz.
Pour faire passer ce plan en douce, la direction a utilisé tous les artifices, notamment prévenir les salariés moins de deux heures avant la fin de poste vendredi 14 février pour éviter des réactions de colère... alors que l’usine allait être mise à l’arrêt.
Cette annonce a suscité le dégoût, l’écœurement et l’inquiétude. Nombre d’intérimaires disent « Renault plus jamais ». Ici ou là, certains d’entre eux ont envisagé de faire grève, mais le sentiment d’impuissance a été le plus fort. De leur côté, les syndicats n’ont pas tenté de mobiliser l’ensemble des travailleurs de l’usine, préférant faire appel à l’État, actionnaire de Renault, et aux pouvoirs publics qui, évidemment, n’ont rien fait. Dans son communiqué, l’intersyndicale demande à la direction « de réfléchir à des axes de développement de l’usine plus cohérents et protecteurs de l’activité et des salariés ». Comme si Renault avait besoin de tels bons conseils !
Car ce vrai plan de suppression d’emplois a des conséquences sur de nombreux sous-traitants : Baomarc, qui fabrique les longerons à Ennery en Moselle toute proche, a déjà renvoyé une soixantaine d’intérimaires, Forvia, qui fait des pièces de tôlerie, supprime des emplois… jusqu’aux usines Renault de Flins qui fabrique des pièces pour le Master, et de Cléon qui produit les moteurs.
Cette situation est d’autant plus révoltante que l’an dernier, la direction a multiplié les heures supplémentaires, les samedis obligatoires… pour mettre fin au gagne-pain de centaines de travailleurs aujourd’hui. Plus de 50 000 véhicules sont aujourd’hui en stock, dont près de la moitié du nouveau modèle, fabriqué à partir du milieu de 2024 et vendu 10 000 euros plus cher que l’ancien ! On peut comprendre que les artisans ne se précipitent donc pas pour changer leur camionnette. En tout cas la direction prétexte l’existence de ce stock pour diminuer la production de véhicules. L’usine doit maintenant fonctionner avec une équipe et demie en 2x8, au lieu de deux équipes complètes et une demie équipe de nuit.
La baisse de production est un choix de la direction. Interrogé par un député au sujet de la Sovab lors d’une commission parlementaire, Luca de Meo, le patron du groupe Renault, l’a clairement dit : comme les Masters électriques ne se vendent pas, le groupe a fait le choix de freiner la production de modèles thermiques pour éviter de payer des amendes. En effet, depuis le 1er janvier, la norme dite CAFE (Corporate Average Fuel Economy) impose aux constructeurs une baisse de 15 % des émissions de CO2 moyennes par véhicule produit. Renault diminue donc la fabrication de véhicules thermiques pour respecter cette norme. Mais les travailleurs payent ainsi les conséquences des choix de Renaut, du gouvernement et de l’Union européenne, alors qu’ils n’y sont pour rien.
Parmi les 705 intérimaires, 400 sont des travailleurs étrangers réfugiés d’Afghanistan, du Congo et de bien d’autres pays, pour lesquels Renault a reçu des aides publiques. Ils vont se retrouver dans une situation impossible. Cela n’empêche pas de nombreux responsables politiques d’accuser les immigrés de tous les maux, alors qu’ils sont les premières victimes de l’exploitation capitaliste.