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Leur société
Recyclage : escroquerie à toutes les étapes
Une enquête de France Info et du journal Le Monde a révélé comment les industriels de l’agroalimentaire et du plastique ont réussi, sous prétexte de créer une entreprise de recyclage du polystyrène, à se faire subventionner une fois de plus par l’État, et à ne rien changer à leurs pratiques.
Le polystyrène est en effet très utilisé dans les emballages de différents produits alimentaires, pots de yaourt, compote, viande, etc. Dès 2020 Syndifrais, le syndicat représentant les professionnels des produits laitiers frais (Yoplait, Lactalis, etc.), et d’autres trusts de l’agroalimentaire utilisant le même type d’emballages ont entamé leur campagne pour sauver leurs pots de yaourts (au nombre de 15 milliards par an) et leurs barquettes de viande découpée.
Ainsi, sénateurs et députés ont été convaincus de ne pas interdire l’utilisation du polystyrène dès 2025 et d’attendre la solution de recyclage, qui sera trouvée dans un avenir indéfini ! Fin 2021, un premier rapport établissait que ce recyclage était « techniquement possible ». Cette étude n’a pas été rendue publique, mais les journalistes enquêteurs et spécialistes qui ont pu la lire l’ont déclarée totalement dépourvue de rigueur scientifique. Le ministère de la Transition écologique l’a mise sous le tapis.
Les industriels ont donc décidé de parier sur le développement d’un recyclage chimique du polystyrène qui permette de réutiliser ce matériau dans la sphère alimentaire et rapporterait aussi de gros bénéfices. Bien sûr, une telle recherche nécessitait des « investissements importants ». En janvier 2022, le gouvernement n’a pas hésité à lancer un appel à projets doté de 300 millions d’euros d’argent public. Des trusts de la chimie, et pas des moindres – Michelin, Ineos, TotalEnergies – se sont donc lancés… et fin 2023, ils ont tous les trois déclaré forfait.
Lobbying des trusts auprès des élus et de l’État tout à leur service, aspiration de l’argent public, secret des affaires : ce scénario digne d’un mauvais roman se répète. Il vient rappeler que si des lanceurs d’alerte sont utiles, il en faudra des millions d’autres, de ceux qui font vivre la société, pour renverser la table.