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Leur société
À la recherche de la TVA perdue
Alors même que le budget de l’État et celui de la Sécurité sociale pour l’an prochain sont discutés par les députés, Amélie de Montchalin, ministre chargée de cette question, cherche dix milliards d’euros égarés par mégarde pour boucler les comptes de 2025.

Après avoir bien regardé sous tous les meubles de Bercy et vérifié les plus gros postes de dépenses, les aides aux milliardaires (270 milliards), les intérêts de la dette (55 milliards) et les affaires militaires (50 milliards, hors retraites), la ministre a nommé une mission d’urgence pour, sinon retrouver le magot, du moins expliquer sa disparition. Il s’agirait de dix milliards de TVA, sur les 200 que l’État collecte chaque année. Ils étaient espérés et calculés par les services du ministère mais ne seraient finalement pas rentrés. Or, la TVA est à la fois l’impôt le plus injuste et celui qui rapporte le plus à l’État. En effet, le malheureux qui dépense tout ce qu’il a pour manger la paye plein pot. Le milliardaire en revanche ne la paye pas sur ses actions, ses placements et les fortunes qu’il niche dans les holdings.
L’administration avance deux explications quant à ces dix milliards non recouvrés. D’une part, elle évoque l’inévitable perversité de l’industrie chinoise qui tricherait sur ses marchandises commandées sur Internet. Mais, pour expliquer un manque à gagner de dix milliards d’euros, il aurait fallu un tel flot de petits colis chinois que le ministère des Finances et la ministre elle-même disparaîtraient sous les sweats en acrylique et les peluches de collection.
L’autre explication, plus réaliste, est tout simplement que la consommation dite « des ménages », c’est-à-dire la consommation populaire, n’a pas augmenté, voire a régressé. Et, en effet, puisque les familles ouvrières sont contraintes de se serrer la ceinture et de regarder à deux fois en faisant leurs courses, la quantité globale d’achats diminue et la collecte de la TVA est réduite d’autant.
Ce sont ainsi les mêmes, ministres et conseillers, grands patrons et administrateurs, qui pressurent les classes populaires et s’étonnent de voir la consommation baisser. On rêve de voir leurs têtes et d’entendre leurs explications lorsque les travailleurs exigeront leur dû et que les capitalistes devront leur céder, de peur de tout perdre.