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Recherche d’un Premier ministre : une candidate de gauche bien présentable
Mardi 23 juillet, après seize jours de tractations, les dirigeants des partis du Nouveau Front populaire sont tombés d’accord pour proposer Lucie Castets comme Première ministre.
La candidate a surtout l’avantage d’être une haut fonctionnaire formée dans les grandes écoles de la bourgeoisie.
Lucie Castets a fait, comme il se doit, Sciences Po et l’ENA, pour devenir ensuite un rouage de l’appareil d’État français. Que ce soit dans le corps diplomatique, à la Banque mondiale ou encore à la direction générale du Trésor, elle s’y est taillé une réputation de « bonne technicienne ». C’est évidemment pour cette raison qu’elle a facilement été choisie par les partis du NFP. Il s’agit de se montrer capables de proposer une Première ministre compétente, au sens que ce mot peut avoir quand il s’agit de diriger l’État de la bourgeoisie.
Proche du Parti socialiste, Lucie Castets prétend, bien sûr, défendre une vision légèrement différente de la façon dont l’État doit fonctionner, sans remettre en cause le cadre capitaliste dans lequel il fonctionne. Elle se dit pour plus de progressivité de l’impôt sur le revenu, pour le rétablissement de l’impôt sur la fortune et des taxes sur le patrimoine, sans évoquer cependant les impôts sur les entreprises. Elle promet un décret pour reporter la réforme des retraites de Macron et propose de s’en remettre aux « partenaires sociaux » pour trouver comment les financer. Elle se présente comme une grande défenseure des services publics, puisqu’elle a participé à la création d’un collectif en ce sens. Sur les salaires, elle parle bien d’augmenter le smic et le point d’indice des fonctionnaires, mais pas d’imposer aux patrons des augmentations concernant tous les travailleurs.
En tout cela, les propositions de Lucie Castets sont évidemment à l’image de la politique des partis du NFP, en y ajoutant une touche personnelle de responsabilité et de compétence, censées rendre plus difficile à Macron de refuser sa candidature. Sa carrière de haut fonctionnaire la rend acceptable auprès des pontes socialistes, et sa touche de gauche satisfait visiblement la communication de LFI. Les uns comme les autres vont ainsi pouvoir continuer leur campagne affirmant avoir gagné les élections législatives, et donc qu’un gouvernement issu du NFP doit être choisi. Mais tous savent que, même dans ce cas bien hypothétique, il leur faudra trouver des accords avec d’autres groupes politiques, ce qui justifiera alors l’abandon de tout ou partie de leur programme.
Il est vrai que, pour le moment, Macron continue à repousser la formation d’un nouveau gouvernement, profitant de sa position pour gagner du temps et espérant que se forme une alliance plus à son goût, appuyée sur Renaissance et une partie de la droite, voire du PS qui se serait détachée de LFI.
Face à ces calculs, la devise des travailleurs doit être « ni attendre, ni espérer » mais « se préparer à se défendre ».