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- Lutte ouvrière n°2920
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Leur société
La puissance révolutionnaire des occupations d’usine
Dés le début du mois de mai 1936, une vague de grèves avec occupation commença à déferler. La classe ouvrière montrait par là son intention de ne pas s’en remettre, pour changer son sort, à la victoire du Front populaire des 26 avril et 3 mai.
Le 11 mai 1936 à l’usine Breguet au Havre, une grève démarra contre le licenciement de deux militants syndicaux suite à leur participation à la journée de grève du 1er mai. Pour se protéger des bandes fascistes, des milices patronales ou du recrutement de jaunes, les six cents ouvriers et deux cent cinquante employés et techniciens prirent l’initiative d’occuper l’usine, ce qui était nouveau. La direction de Breguet céda très vite sur tout. Le 13 mai, un mouvement en tout point semblable éclata aux usines Latécoère à Toulouse. Du 14 au 20 mai 1936, des grèves se déclenchèrent dans plusieurs usines aéronautiques et métallurgiques de la région parisienne principalement.
La manifestation au Mur des Fédérés à la mémoire des combattants de la Commune de Paris, du 24 mai, connut une ampleur exceptionnelle puisqu’elle rassembla 600 000 ouvriers de la région parisienne. Elle eut des échos, dès le lendemain, dans les usines. Après les métallurgistes de Nieuport à Issy, de Sautter Harlé à Paris, ou de Hotchkiss à Levallois, le 28 mai, les 35 000 ouvriers des usines Renault cessèrent à leur tour le travail, entraînant plusieurs dizaines d’usines de la région parisienne. La grève avec occupation se propageait. À partir du 2 juin, elle gagna tout le pays, touchant toutes les catégories de salariés.
Il y eut deux millions de grévistes et quelque 9 000 entreprises furent occupées. C’était du jamais vu ! Cette prise de possession des lieux, cette capacité à s’organiser pour maintenir tout en ordre, pour le ravitaillement, pour tout, fit naître un sentiment de puissance chez les travailleurs en même temps que la peur de tout perdre du côté patronal. L’occupation des usines signifiait en effet que les patrons n’avaient plus à y mettre les pieds, que les travailleurs y étaient chez eux. En un mot, les travailleurs remettaient ainsi en cause la propriété privée des capitalistes, leur pouvoir sur l’organisation de la production. En agissant ainsi, à une échelle jamais vue en France, la classe ouvrière montrait sa puissance révolutionnaire.