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Leur société
Projet de l’A69 : nouvelle mobilisation
Du vendredi 7 au dimanche 9 juin, malgré l’interdiction par la préfecture, des milliers de manifestants se sont à nouveau retrouvés dans le Tarn pour dénoncer la construction en cours de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres et ses conséquences environnementales.
Le ministre de l’Intérieur, Darmanin lui-même, revendiquait la paternité de l’interdiction et peignait les manifestants en dangereux terroristes qui seraient venus « s’en prendre aux biens, attaquer des personnes ». Alors que le déchaînement policier autour des méga-bassines de Sainte-Soline en mars 2023 est encore présent dans les têtes, avec ses 200 manifestants écologistes blessés, dont 40 gravement, l’interdiction assortie du déploiement de 1 600 policiers et gendarmes visait à faire peur pour limiter la protestation. Et en même temps c’était le meilleur moyen de faire monter la tension.
La préfecture a ainsi pu se féliciter à la fin du week-end d’avoir protégé les engins de chantier, et fournir des images d’affrontements aux médias. Mais en parallèle, depuis plusieurs mois, des parlementaires et des journalistes ont mis en lumière l’implication du groupe pharmaceutique Pierre Fabre, basé à Castres, et qui représente 2,8 milliards de chiffre d’affaires en 2023. Il a toujours assumé son soutien à l’autoroute : en 2006 déjà, Pierre Fabre lui-même avait obtenu l’accord de Perben, ministre de Villepin-Chirac, et, quelques mois avant son décès en 2013, il avait obtenu l’engagement de François Hollande.
L’implication économique directe de ce groupe a été révélée ces derniers mois. Ainsi, via une société luxembourgeoise, il a participé à une entreprise qui exploitera l’autoroute et encaissera les péages, fixés à plus de 8 euros pour 50 kilomètres. Par ailleurs, dans des annexes confidentielles signées avec l’État lors du contrat de concession, le groupe apparaît comme actionnaire d’un projet de 40 hectares de panneaux solaires, qui seront installés sur les terrains inutilisés au bord de l’autoroute.
Le groupe continue son lobbying direct et, encore en septembre dernier, il a écrit au gouvernement pour éviter l’abandon du projet, un courrier qui n’a toujours pas été rendu public. Le groupe compte aussi sur un réseau de politiciens locaux qui se font volontiers les défenseurs des « enjeux économiques », c’est-à-dire des intérêts patronaux sur ce dossier de l’A69. C’est le cas de Carole Delga, présidente de région PS, ou encore du débuté du Tarn Jean Terlier. Ce dernier, ardent défenseur de l’autoroute et dont l’épouse est par ailleurs une haut cadre du groupe Fabre, a été nommé président de la commission d’enquête parlementaire sur le montage financier autour de l’A69.
Tout cela révèle les réseaux d’intérêts et d’influence dont dispose un grand groupe industriel. L’État continue à ignorer les problèmes environnementaux que soulève son projet et agit en fonction des seuls intérêts du groupe Fabre par des montages financiers, des lois, ou comme le 9 juin en faisant intervenir policiers et gendarmes.