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- Lutte ouvrière n°2930
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Leur société
Le programme du RN : 100 % propatronal
Le Rassemblement national vient de présenter son nouveau programme économique. Destiné à montrer qu’il pourrait gouverner de façon responsable, il reprend des mesures dans la continuité des gouvernements précédents, et bien susceptibles de séduire les capitalistes.
Concernant la baisse des impôts de production payés par les patrons, le RN voudrait aller plus loin que Macron. Il veut ainsi diminuer encore plus la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) et carrément supprimer la contribution foncière des entreprises (CFE). C’est un cadeau supplémentaire de 14 milliards d’euros par an qui profitera principalement aux plus grandes entreprises. Le RN annonce aussi qu’il supprimerait toutes les cotisations patronales portant sur d’éventuelles augmentations de salaires allant jusqu’à 10 %. Depuis 40 ans, les gouvernements de gauche comme de droite ont pris des mesures exonérant les patrons de cotisations sociales sur les bas salaires, eh bien le RN se propose de continuer dans la même voie.
Par ailleurs, ce parti qui se proclame le défenseur des petites entreprises, se fait le promoteur du crédit impôt recherche (CIR) : une niche fiscale créée par la gauche au début des années 1980 qui, sous prétexte de subventionner la recherche, arrose avant tout le grand patronat. Ainsi les cinquante plus grandes entreprises récupèrent chaque année plus de la moitié du montant du CIR, soit plus de 3,5 milliards d’euros.
En revanche, dans ce programme et comme par hasard on ne trouve plus les quelques promesses de mesures qui pourtant n’auraient pas beaucoup égratigné les fortunes du grand patronat. C’est le cas pour la taxe sur les rachats d’actions, pour celle sur les « superprofits » et pour la suppression de la « flat tax » mise en place par Macron pour diminuer les impôts sur les revenus du capital.
Et on ne trouve pas non plus dans ce programme la baisse de la TVA sur l’énergie et les produits de première nécessité, une autre mesure avancée par le RN pendant les élections.
Interrogé par des journalistes sur toutes ces « disparitions », le député RN Tanguy, qui présentait ce programme, a déclaré : « Bien sûr que c’est maintenu »… tout en feignant de s’étonner de leur absence. Dans le même temps, le conseiller économique de Le Pen, Durvye, par ailleurs bras droit de Stérin, milliardaire propriétaire du groupe Smartbox, répondait exactement l’inverse et confirmait qu’il y avait là « l’état du programme économique du RN ». Rien d’étonnant à ces deux réponses contradictoires. Après avoir recherché les voix des ouvriers et des employés pour se faire élire, le RN doit montrer patte blanche au grand patronat s’il veut un jour être admis au gouvernement.
Le RN n’a jamais été au pouvoir, mais son programme économique comme ses pratiques politiques y sont depuis des années !