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Leur société
Police : naufrageurs de migrants
Les policiers français contribuent au naufrage d’embarcations chargées de migrants tentant de rejoindre l’Angleterre. C’est ce qu’a pu constater une équipe de Franceinfo accompagnant des membres de l’association Utopia partis fournir de quoi se réchauffer à des migrants victimes d’une telle agression.
« Le bateau se trouvait à environ dix ou quinze mètres de la plage, rapporte l’un d’eux, et trois policiers se sont approchés et ont crevé les boudins avec un couteau. Tout le monde s’est retrouvé à l’eau, c’était très dangereux. Trois ou quatre personnes ont failli se noyer. »
Alors qu’il est en principe interdit à la police d’intervenir en mer, y compris près des côtes, celle-ci ne s’en prive pas. Ces pratiques restent couvertes du voile du silence, sauf quand des journalistes ont la volonté de questionner celles et ceux qui en ont été victimes, parfois à plusieurs reprises. Cela avait été le cas lors d’une enquête du journal Le Monde et d’autres quotidiens européens. Les témoignages étaient édifiants, comme celui d’un rescapé dont l’embarcation avait été percutée à pleine vitesse par un navire de la gendarmerie dans lequel un policier brandissait une grenade lacrymogène. Un autre racontait comment un navire de la police avait fait prendre l’eau à l’embarcation où il se trouvait en effectuant des cercles à grande vitesse autour d’elle.
Le 11 août 2023, un gendarme avait demandé à un membre d’équipage de la Société nationale de sauvetage en mer de l’aider à percer un bateau au large de la plage de Berck-sur-Mer, ce qu’il avait bien sûr refusé. Interpellée, la préfecture maritime avait répondu qu’il ne pouvait bien sûr s’agir que d’une initiative individuelle. Mais le fait que de telles initiatives persistent et se multiplient est en lui-même révélateur de l’état d’esprit entretenu par la hiérarchie policière, qui est de tout faire pour empêcher les migrants de rejoindre les côtes anglaises. Le gouvernement anglais verse 543 millions d’euros à la France pour faire ce sale travail et, sur les côtes françaises, les forces de police ne répugnent pas à mettre en danger des vies humaines pour s’en acquitter.