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Dans les entreprises
Plomb : empoisonnés au travail
Du 10 au 12 février 2025, seize ans après les faits, s’est tenu le procès intenté contre plusieurs sociétés par cinq travailleurs du bâtiment, ayant restauré l’opéra du château de Versailles, pour blessures et mise en danger de la vie d’autrui.
L’accusation concerne plusieurs sociétés dont l’entreprise spécialisée dans la restauration de bâtiments anciens de François Asselin, président jusqu’à fin 2024 de la Confédération des petites et moyenne entreprises (CPME).
Ces travailleurs, intérimaires pour la plupart, ont développé de graves symptômes après avoir été exposés au plomb jusqu’à des doses six fois plus importantes que le maximum autorisé. L’un d’eux a perdu une grande partie de ses dents et, licencié, a été un temps SDF. Les enquêtes ont prouvé qu’aucune mesure de protection n’avait été prise, qu’il n’existait ni système d’aération approprié, ni équipements individuels spécifiques, ni contrôle de l’exposition des travailleurs aux produits toxiques, ni surveillance médicale. Les avocats des ouvriers ont pointé les dangers, immédiats ou plus tardifs comme le risque de cancers.
François Asselin, lui-même, est accusé de mise en danger de la vie d’autrui et de complicité de subornation de témoins, de pressions, par l’intermédiaire d’un chef d’équipe, sur d’autres travailleurs pour disqualifier le lanceur d’alerte, le premier travailleur qui a porté plainte. Asselin récuse toute implication dans les pratiques de son employé et nie avoir eu connaissance de la présence de plomb sur le chantier de ce bâtiment plusieurs fois centenaire où tout le monde sait que cette matière est présente, comme l’a rappelé la procureure !
Le tribunal a requis diverses amendes contre le maître d’œuvre et l’opérateur du patrimoine, 150 000 euros d’amende contre la société François Asselin. Celui-ci est lui-même visé par une amende de 20 000 euros et quinze mois d’emprisonnement avec sursis. Le verdict confirmera ou pas.
Cela ne devrait pas troubler beaucoup ce défenseur inconditionnel des patrons « qui risquent tout », comme il le disait lors d’une interview en 2020, et qui « parfois sont enquiquinés par les “risquent rien” que peuvent être les réglementations ». On voit là ce que ces paroles recouvrent.