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- Lutte ouvrière n°2935
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Dans les entreprises
Plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie : les travailleursrefusent d’être jetés à la rue
Depuis le 23 octobre, la plateforme chimique de Pont-de-Claix près de Grenoble est à l’arrêt. Plus un camion ne rentre ni ne sort.
Début septembre, Vencorex France, principal employeur et filiale de l’entreprise publique thaïlandaise PTT GC, a été placé en redressement judiciaire. Les repreneurs potentiels avaient jusqu’au 21 octobre pour déposer leur dossier. Or un seul l’a été, sous conditions, ne concernant qu’un atelier et... 26 emplois : 95 % des 450 salariés, auxquels il faut ajouter des centaines qui dépendent d’entreprises extérieures, seraient donc mis à la porte.
La colère a éclaté au cours de l’assemblée générale du 23 octobre où cette décision a été annoncée, et la grève s’est engagée.Trois cents salariés de plusieurs sites chimiques de l’agglomération grenobloise assistaient à cette réunion et un délégué CGT a lancé « C’est à nous de jouer maintenant. » Et de proposer, dès la sortie de l’AG, de mettre l’usine à l’arrêt, en bloquant les portes afin que plus rien ne rentre ni ne sorte. Un autre a fait entendre ce que beaucoup de salariés ressentent : « Arkema comme Vencorex sont des patrons voyous, la seule chose qu’ils comprennent c’est le rapport de force », ajoutant : « Alors à nous tous d’être à la hauteur, tous ensemble, de tous les sites. Il n’y a que comme ça qu’on sera en meilleure position. »
Ces délégués ont été fortement applaudis. Dans la foulée, l’idée de « mettre l’installation à l’arrêt » et de « tout bloquer » a été votée unanimement. Les travailleurs d’Arkema de la plateforme chimique de Jarrie, distante de quelques kilomètres et qui s’approvisionne en sel auprès de Pont-de-Claix pour la fabrication du chlore, votaient eux aussi la grève pour les jeudi et vendredi suivants. Par solidarité, mais aussi avec la conviction que les patrons ont préparé leurs sales coups depuis longtemps et que le sort des travailleurs est lié d’une usine à l’autre.
Depuis, sur le site de Vencorex, des dizaines de salariés, rejoints par leurs proches et par des retraités, se relaient sur le piquet de grève dont les feux sont visibles sur une large partie de l’agglomération. Les discussions vont de l’avant. Certains parlant de la concurrence de l’entreprise chinoise Wanhua, qui inonderait le marché de produits qu’elle ne parvient plus à écouler sur son marché intérieur. D’autres avaient encore de l’espoir dans les négociations devant s’engager mardi 29 octobre à Paris, loin de la pression des grévistes. Mais beaucoup sont conscients qu’ils devront « vendre chèrement » leur peau, que les caisses des capitalistes sont pleines et qu’ils n’y a aucune raison de faire les frais de la guerre économique que les industriels du monde entier se mènent.
À Arkema, le travail a repris, en attendant l’issue des négociations entre Le Henaff, son PDG, et le gouvernement. Mais tous savent que quand l’État et les ministres négocient, ce ne sont pas les emplois et la vie de milliers de travailleurs qui les intéressent, mais comment garantir les profits des grands patrons et des actionnaires. Additionnée de site en site, la force des travailleurs peut, elle, être déterminante.
Une nouvelle manifestation était programmée pour le 30 octobre contre cette saignée sur les emplois.