La contamination avait entraîné une soixantaine de cas d’insuffisance rénale chez des enfants et deux décès. Cette usine appartenait au géant de l’agroalimentaire Nestlé, qui s’est illustré dans d’autres cas de contamination sur des gammes de pizzas produites au même endroit ou en Italie.

En toute connaissance de cause, Nestlé n’a rappelé que les pizzas Fraîch’Up tout en poursuivant la production des autres produits qui ne valaient guère mieux.

La direction a délibérément cherché à dissimuler ses pratiques et leurs conséquences. Il a fallu les dépôts de plainte des familles et l’hospitalisation des victimes pour découvrir, notamment au travers des témoignages des salariés, comment Nestlé mettait en danger les consommateurs, et surtout les enfants.

Le scandale rendu public, l’entreprise a tenté d’étouffer l’affaire en faisant signer aux familles des victimes un accord d’indemnisation. Elle s’est aussi débarrassée de l’usine de Caudry, laissant au moins 90 salariés sur le carreau.

Dans cette affaire, le groupe capitaliste a bénéficié de la complicité de l’État. L’information judiciaire pour homicide involontaire, blessures involontaires, mise sur le marché d’un produit dangereux pour la santé et mise en danger d’autrui a été ouverte en mai 2022. Elle n’aboutit que maintenant, deux ans après, à une mise en examen.

On est très loin des procédures de comparution immédiate qui frappent les voleurs de poule ou les participants aux manifestations. Et on est encore plus loin d’une condamnation, Nestlé ayant les moyens de la repousser le temps que l’affaire se tasse.