Pétrole en Guyane : Valls en mode Trump19/02/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/02/une_2951-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Pétrole en Guyane : Valls en mode Trump

Redevenu ministre après une abstinence de huit longues années Manuel Valls n’avait pas encore fait parler de lui. C’est désormais chose faite avec sa proposition d’aller chercher du pétrole au large de la Guyane, quitte à passer outre la loi Hulot de 2017.

Valls se plie ainsi à la mode initiée par Trump consistant à chercher du pétrole partout et à annuler toutes les lois et dispositions à vocation écologiste prises précédemment. En l’occurrence la loi Hulot de 2017 prétendait mettre fin à toutes les recherches d’hydrocarbure sur le territoire français. En y regardant de plus près elle autorisait en fait tous les projets en cours jusqu’à 2040 et était assortie de nombreuses dérogations. Parmi celles-ci, figurait l’autorisation donnée à Total de prospecter au large de la Guyane. Du pétrole fut bien découvert, mais trop loin et trop profond pour que son extraction soit rentable. Total y renonça en 2019, pour des raisons financières bien plus que sous le coup de la loi Hulot ou des protestations des écologistes.

Cependant, depuis lors, des gisements très rentables ont été mis en exploitation dans les pays limitrophes de la Guyane française, le Brésil au sud, le Suriname et le Guyana, au nord. De plus, il y a actuellement une spéculation sur les énergies fossiles, elle-même liée à la spéculation sur l’Intelligence artificielle, grosse consommatrice d’électricité. Valls, ministre des Outremers, répercute donc les frétillements de tous ceux qui, en Guyane et en métropole, flairent la bonne affaire. Et de dérouler les habituels mensonges des prometteurs de fortune.

L’exploitation de pétrole au large de la Guyane française respectera la nature et l’environnement, affirme Valls. Ce serait bien la première fois sur cette planète et sous cette classe capitaliste ! Au moment où Valls assurait cela, s’ouvrait à Londres le procès intenté par les populations du Nigéria contre Shell, dont les installations pétrolières pourrissent, littéralement, toute la région. En Guyane, les mêmes causes produiraient certainement les mêmes effets.

Pour la population guyanaise, le pétrole serait un pactole, dit le ministre, prenant l’exemple du Guyana voisin qui connaît un boom économique. Mais celui-ci concerne surtout l’exploitant Exxon Mobil, beaucoup moins l’État qui ne perçoit que 2 % de redevance et pas du tout la population qui reste dans sa misère, voire s’y enfonce, comme au Nigéria.

En fin de compte, Total décidera, ou non, de forer au large de la Guyane en fonction de ses seuls intérêts. Ni la prétendue loi écologique, ni le prétentieux ministre, ni les cupides affairistes locaux ou métropolitains n’auront réellement voix au chapitre. Comme d’habitude les questions essentielles ne seront pas posées. Que souhaite la population, en Guyane et au-delà ? De quelle quantité d’énergie, utilisée à quelles tâches, l’humanité a-t-elle réellement besoin et comment la produire proprement ?

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