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Leur société
Paris 2024 : à qui profiteront les Jeux Olympiques ?
La ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra, évoquant le coût des Jeux Olympiques, avait déclaré à la presse : « Je suis certaine qu’ils vont rapporter beaucoup plus à la nation qu’ils ne lui auront coûté. » S’il est certain que ces Jeux vont rapporter de l’argent, ce ne sera certainement pas à ceux qui les auront payés.
Dans ce domaine, l’opacité sur les comptes est de mise. L’État prétend n’avoir mis que 2,7 milliards d’euros dans un budget estimé aujourd’hui à plus de 11 milliards d’euros. Combien ont avancé les différentes collectivités territoriales ? Il est difficile de le savoir. En tout cas, la Cour des comptes regrettait de ne pas pouvoir estimer le montant des dépenses globales. À chaque édition précédente, le coût des Jeux avait doublé, voire triplé le montant initial, comme dans le cas de ceux de Londres qui, estimés au départ à 4 milliards d’euros, ont coûté plus de 12 milliards d’euros en 2012.
Mais si les Jeux coûtent aux travailleurs, par les impôts, ils rapportent et en tout premier chef au BTP : Eiffage, Bouygues ont largement tiré leur épingle du jeu en bénéficiant du programme de travaux d’infrastructures et de construction du village olympique. Les sponsors vont aussi être grassement rémunérés, et les médias tirer bénéfice des retransmissions télévisuelles de ce sport spectacle.
Certains groupes, comme LVMH, se sont taillé la part du lion : le groupe de Bernard Arnault, première fortune du pays, va dessiner les médailles, fournir les champagnes et autres alcools aux personnalités et en plus habiller les athlètes. Cerise sur le gâteau déjà bien chargé, il a d’ores et déjà gagné son ticket d’entrée aux Jeux suivants. Les JO vont donc rapporter, et même beaucoup, à toute une fraction de la bourgeoisie.
En revanche, ceux qui vont les payer et ceux qui les paient déjà sont les travailleurs, à commencer par ceux des chantiers qui, pour certains, ont payé de leur vie la construction des infrastructures. Rien qu’en 2023, les services du travail y ont enregistré 130 accidents du travail, dont 17 graves.
Tous les travailleurs en région parisienne vont aussi subir la hausse des coûts, comme celle du ticket de bus qui va passer à cinq euros. La police, de son côté, multiplie les opérations pour chasser les SDF et expulser les squatters. Enfin, pour libérer des chambres pour les touristes, de nombreux hôtels s’apprêtent à fermer des places pour l’hébergement d’urgence.
Le gouvernement a exigé de nombreux étudiants qu’ils libèrent leur chambre dans les résidences pour permettre aux soignants et aux policiers d’être hébergés.
Paris 2024, ce sera : les riches dans les tribunes, les pauvres dans les soutes.