Office de la biodiversité : un métier dangereux05/02/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/02/une_2949-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Office de la biodiversité : un métier dangereux

En réaction aux attaques répétées qu’ils subissent depuis des mois de la part de certains syndicats agricoles et du gouvernement, les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) étaient massivement en grève vendredi 31 janvier.

Les 3 000 agents de l’OFB sont chargés de l’application du Code de l’environnement, notamment pour l’usage des pesticides, la préservation des haies et le respect des arrêtés sécheresse. Parmi eux, 1 700 sont des inspecteurs qui ont un statut d’officier de police judiciaire et sont donc armés.

Or, au cours de l’année 2024, près de 70 sites de l’OFB ont été ciblés par des manifestations d’agriculteurs. « Une voiture de l’OFB qui entre dans une exploitation sera brûlée sur place », a déclaré en janvier le secrétaire général de la Coordination rurale. Suite à cette provocation, les agents de l’OFB se sont mis en droit de retrait. Depuis le 17 janvier, ils ont cessé les contrôles sur le terrain, et la journée de grève du 31 janvier a été suivie par quasiment tous les agents.

Ils n’ont aucun soutien à attendre du gouvernement, qui s’aligne au contraire sur les exigences des organisations d’agriculteurs. En janvier 2024, sous la pression des manifestations, le gouvernement de Gabriel Attal avait déjà ordonné une limitation des contrôles, qui ont diminué de 68 % sur les six premiers mois de l’année par rapport à 2023. En décembre, la ministre de l’Agriculture leur a imposé de cacher leur arme pendant les contrôles et Bayrou lui- même, dans sa déclaration de politique générale, a déclaré que venir faire des inspections avec une arme à la ceinture était « une humiliation » pour les agriculteurs. L’OFB manque déjà de moyens, 1 % seulement des exploitations étant contrôlées chaque année, mais le budget 2025 prévoit une baisse de dotation de 28 millions d’euros et la suppression de 25 postes.

Les syndicats agricoles et le gouvernement justifient ces pressions et restrictions par les difficultés des petits exploitants. Mais l’allègement des normes et contrôles ne sauvera pas ceux qui sont étranglés par les fournisseurs, les banques ou encore les centrales d’achat de produits alimentaires. Il profitera aux gros exploitants qui cherchent à gagner des parts de marché quelles que soient les conséquences de leurs pratiques sur l’environnement et sur la santé des travailleurs de la terre, ainsi qu’aux entreprises de production de pesticides. Et au passage, le gouvernement flatte les préjugés antifonctionnaires et antiécologie pour mieux masquer son incapacité à garantir un revenu décent à tous les agriculteurs.

Par leur mobilisation réussie, les agents de l’OFB ont montré leur refus de faire les frais de ces calculs.

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