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Leur société
Nouvelle-Calédonie : un vote anti-colonial
En Nouvelle-Calédonie, c’est un élu indépendantiste, Emmanuel Tjibaou, qui a été élu dans la seconde circonscription de l’archipel, une première depuis 1986.
En 1986, le ministre Pasqua avait découpé les deux circonscriptions de l’archipel de façon à rendre les nationalistes minoritaires dans les deux. Ainsi, dans la première circonscription, les électeurs des îles Loyauté, qui votent indépendantiste à près de 100 %, sont noyés au sein de ceux de la capitale surnommée « Nouméa-la-blanche ». Dans la deuxième aussi, le camp anti-indépendantiste pouvait compter sur le poids des autres grandes villes comme Dumbéa, dans la banlieue de Nouméa. Mais ce qui a fonctionné pendant 40 ans ne fonctionne plus, notamment parce que le camp indépendantiste a rallié des électeurs originaires des communautés des îles d’Océanie et du Pacifique.
Au total, lors du deuxième tour et sur les deux circonscriptions, le camp nationaliste a recueilli plus de 83 000 voix, 10 000 de plus que le camp non-indépendantiste, le signe que la légitime révolte des Kanaks et des Océaniens démarrée au mois de mai n’a pas cessé et qu’ils sont loin d’être résignés. Ce résultat est d’autant plus significatif que, pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale, le corps électoral est complet, incluant tous les résidents de Nouvelle-Calédonie. Or la droite loyaliste, anti-indépendantiste, ne peut que relancer la bataille pour le dégel du corps électoral, suspendu par Macron le temps des législatives, et cela avant les prochaines élections locales prévues avant la fin de l’année.
L’élu kanak, Emmanuel Tjibaou, est le fils de Jean-Marie Tjibaou, un des fondateurs du FLNKS, partisan du compromis avec l’État français après la révolte kanak des années 1984-1988, signataire en ce sens des accords de Matignon en 1988 et assassiné en 1989 par Djubelly Wéa, un Kanak qui avait vécu ces accords comme une trahison.
En même temps l’État français continue de faire des prisonniers politiques. Un autre fils de Jean-Marie Tjibaou, Joël Tjibaou, fait partie des onze militants de la CCAT arrêtés en juin, et accusés d’être responsables des pillages et des émeutes. Joël Tjibaou a été écroué sur l’archipel pendant que Christian Tein, leader de la CCAT, et six autres, traités comme des terroristes pendant leur transfert vers la métropole, ont été mis à l’isolement dans les prisons de Mulhouse, Dijon, Riom, Villefranche-sur-Saône. Le 5 juillet, seules Frédérique Muliava et Brenda Wanabo sont sorties de prison pour être placées sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique et assignées à résidence pendant au moins six mois, mais en métropole, à 17 000 km de leur famille !
En Nouvelle-Calédonie, les rassemblements ont été interdits le week-end des élections, le couvre-feu prolongé au moins jusqu’au 15 juillet. 3 500 militaires et policiers sont toujours mobilisés pour tenter de venir à bout de la révolte des Kanaks. Depuis le 13 mai, plus de 1 700 personnes ont été arrêtées sur cet archipel de 270 000 habitants. À bas la répression coloniale ! Libération de tous les prisonniers !