Nouvelle-Calédonie : Valls en mission26/02/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/02/une_2952-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nouvelle-Calédonie : Valls en mission

Le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, est arrivé en Nouvelle- Calédonie pour obtenir des partis calédoniens un « accord politique global ».

Après la révolte de la jeunesse kanake et océanienne démarrée le 13 mai 2024, après la mort de quatorze personnes dont onze Kanaks, les partis de la droite anti-indépendantiste, « loyaliste », tentent de pousser leur avantage. Deux jours avant son arrivée, ils ont conspué Valls dans un meeting de plus de 2 000 personnes, rejetant la « souveraineté partagée », niant qu’il y ait en Nouvelle-Calédonie un peuple premier. Après son arrivée, alors qu’il rendait hommage à un gendarme mort pendant les émeutes, Valls a été hué par 500 militants loyalistes aux relents racistes, accusant son gouvernement de lâcher la Nouvelle-Calédonie.

Valls le répète pourtant à qui veut l’entendre : « On ne peut pas jouer contre la France ». Il n’est pas dans les intentions de l’impérialisme français de lâcher l’un de ses postes avancés en Océanie. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le processus de décolonisation évoqués repasseront. Mais la droite loyaliste fait de la surenchère. Elle milite toujours pour le dégel du corps électoral, qui lui permettrait de reprendre plus fermement en main les institutions de l’archipel. Elle a aussi avancé l’idée d’une « fédération », en fait un petit apartheid qui instaurerait une séparation de la province de Nouméa, qu’elle contrôle et qui est la plus riche, alors que les deux autres, les plus pauvres, sont entre les mains des partis kanaks.

Pour obtenir un accord, Valls donne des gages à la droite, rappelant que l’État, avec l’aide des milices caldoches armées, a maintenu l’ordre et la propriété. À propos du dégel du corps électoral, pourtant enterré par Macron à la fin de la révolte, il affirme qu’un compromis est toujours possible. Quant à la « fédération », il accepte de rediscuter des prérogatives des trois provinces.

À destination des partis kanaks comme des loyalistes, Valls a aussi mis sur la table 120 milliards de francs Pacifique, un milliard d’euros conditionnés à la signature d’un accord politique, la prolongation du chômage partiel, mais raboté de 20 %, et des subventions diverses. Il s’est dit aussi prêt à revoir le « lien » avec la France, sans le couper ! Mardi 25 février, indépendantistes comme anti-indépendantistes avaient accepté de discuter ensemble avec le gouvernement.

Dans sa démarche, Valls dit s’inspirer des accords de 1988 et de 1998 par lesquels les partis nationalistes kanaks et les partis de droite anti- indépendantistes s’étaient mis d’accord sur un partage du pouvoir économique et politique. Accord ou pas, tout ce beau monde devra compter avec la jeunesse kanake et océanienne, toujours méprisée et opprimée trente ans après ces accords, et qui a exprimé sa profonde colère lors de la révolte du 13 mai.

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