Nouvelle-Calédonie : répression coloniale12/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2915-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Nouvelle-Calédonie : répression coloniale

Lors de sa conférence de presse, mercredi 12 juin, Macron a annoncé la suspension du projet de loi élargissant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, « pour donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l’ordre », a-t-il déclaré.

« On estime à 7 000 les emplois directs et indirects qui sont perdus » après les émeutes, s’est alarmé le président de la chambre de commerce et de l’industrie de Nouvelle-Calédonie. Il ajoutait qu’un quart des salariés sont touchés par le chômage partiel.

La sollicitude de ce représentant des patrons calédoniens pour les travailleurs qu’ils exploitent cache surtout une demande de subventions et d’aides à l’État. Le Medef local geint depuis quelques semaines en agitant un vague chiffre de centaines de millions d’euros envolés. Mais son premier réflexe est de faire payer les salariés par du chômage, partiel ou non.

Le patronat pourrait reprocher à Macron le climat politique peu favorable aux affaires. C’est lui en effet qui a rallumé le feu sur ce territoire, en soutenant les loyalistes les plus hostiles aux Kanaks dans leur volonté de récupérer la présidence du gouvernement local, au moyen d’une réforme électorale rendant à nouveau les Kanaks minoritaires dans leur propre pays.

Le gouvernement a ensuite prétendu avoir repris la situation en main, à coups de renforts militaires. Il a entretenu la fiction de la tenue normale d’élections européennes (aux antipodes de l’Europe !) Or la mobilisation populaire contre le mépris colonial, qui a violemment secoué Nouméa le 13 mai et les jours suivants, n’est pas retombée.

L’envoi depuis la France de magistrats supplémentaires pour juger plus vite les « émeutiers » et les emprisonner est certainement bien plus significatif de la politique de l’État français que les promesses de Macron, lors de sa visite expresse sur place, de ne plus « vouloir faire passer [sa] réforme en force ».

Des miliciens loyalistes armés font toujours la loi dans les quartiers où ils se barricadent. Ils sont encouragés par Sonia Backès, ex-secrétaire d’État à la Citoyenneté de Macron, qui affirme que, face aux nazis que seraient les Kanaks indépendantistes, ils seraient les résistants d’aujourd’hui.

Un Kanak sur lequel le GIGN a tiré fin mai est décédé quelques jours plus tard. Le 1er juin, Nassaie, une jeune Kanak de 17 ans, a été inhumée, quinze jours après son assassinat d’une balle dans la tête par un milicien qui a également tué son oncle. « Elle a été assassinée. Ici, il y a deux catégories de personnes et nous avons toujours été les derniers. On ne peut pas nous assassiner comme ça chez nous, en Kanaky », a déclaré son grand-père sur sa tombe. Tant que les injustices coloniales se perpétueront, sous une forme ou sous une autre, elles engendreront la révolte.

Partager