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- Lutte ouvrière n°2920
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Leur société
Nouvelle-Calédonie : une mesure raciste et anti-pauvres
La province Sud de Nouvelle-Calédonie a annoncé la suspension dès le 15 juillet de l’aide médicale dont bénéficient les plus pauvres, soit des milliers de personnes pour la plupart d’origine kanake ou océanienne.
Pour justifier cet acte odieux, Sonia Backes, la présidente de la province, de droite anti-indépendantiste, met en avant l’état des finances après les émeutes. Elle a déclaré devoir choisir entre les salaires des agents de la province et l’aide médicale, incriminant au passage le gouvernement calédonien, dirigé par l’indépendantiste Louis Mapou, pour ne pas avoir reversé les sommes qu’il lui doit. Mais avec les économies réalisées sur les malades, Backes a annoncé vouloir « aider les victimes des exactions », les entreprises qui assurent une surveillance de leurs bâtiments, les particuliers qui ont été menacés par les émeutes…
Par cette mesure, la droite, celle là-même qui a poussé au dégel du corps électoral contre lequel les Kanaks se mobilisent depuis mi-mai, cherche à prendre sa revanche. Une élue de droite saluant la mesure a même dénoncé une « politique sociale qui a conduit les gens des îles et du Nord à venir s’installer et même s’entasser dans des logements sociaux construits en masse » dans la province Sud.
Les protestations des partis kanaks et océaniens n’ont bien sûr pas été entendues. Ni même celles de Calédonie Ensemble, un parti qualifié de centriste, qui s’est senti obligé de protester et d’accuser le camp loyaliste d’être « anti- Kanaks et Océaniens » ou encore « anti-travailleurs modestes ». Son représentant, Philippe Gomès, a déclaré qu’« il aurait été plus courageux de demander directement comment renvoyer les gens, en majorité les plus pauvres, vers les îles et le Nord. Ce texte est l’acte 1 de l’apartheid. » On ne saurait mieux dire car, effectivement, cette mesure inique contre les plus modestes va inciter nombre de Kanaks et d’Océaniens à quitter la province Sud pour celle du Nord. En s’engageant dans cette démagogie de plus en plus ouvertement raciste, le camp dit « loyaliste » cherche à creuser un peu plus le fossé entre les communautés. Ils s’étonneront après que la colère des Kanaks et des Océaniens leur explose à la figure.