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Leur société
Nouvelle-Calédonie : l’État français assure l’ordre patronal
Près de deux mois ont passé depuis les affrontements entre Kanaks pauvres, forces de police et milices caldoches provoqués par le projet de réforme du corps électoral défavorisant les Kanaks.
Le 29 juillet, le ministère des Finances a précisé la nature des aides financières promises pour la Nouvelle-Calédonie.
Sans surprise, des millions sont alloués au patronat de l’île au détriment des travailleurs et de la population la plus pauvre, souvent kanake. Vingt millions sont à la disposition des entreprises via un fonds de solidarité, des prêts de 500 000 euros sont prévus pour les grandes entreprises et l’État alloue 51 millions pour indemniser le chômage.
En même temps, toujours sous couvre-feu, la population la plus pauvre de l’île est dans le viseur de la députée loyaliste de la province Sud, Sonia Backès. Celle-ci a suspendu l’aide médicale d’urgence mais a aussi menacé de s’en prendre aux bourses, à l’accès aux logements sociaux et aux aides pour payer les dégâts. « À ceux qui ont brûlé, pillé, bloqué la Calédonie, à ceux qui continuent, la province supprimera les aides dont ils bénéficient », a-t-elle annoncé.
Ces mesures et ces déclarations satisfont sans doute une partie de la population la plus aisée de la province Sud de l’île, ainsi que des élus. Elles poussent à la ségrégation sociale et raciale, alors que la situation menace de s’aggraver encore pour les travailleurs de l’île. La filière nickel, qui emploie un salarié sur quatre, est, paraît-il, en difficulté. Dans la province Sud, la mine KNS va fermer et 1 700 personnes risquent le chômage à la fin du mois d’août, tandis que d’autres mines pourraient suivre.
Après avoir exploité pendant des décennies la population la plus pauvre, en particulier la population kanake, la bourgeoisie calédonienne renâcle à assurer les dépenses d’aide sociale, bien qu’elle dispose de toute l’aide de l’État français. La population pauvre, elle, continue à endurer les conséquences de la répression tandis que plusieurs militants indépendantistes kanaks sont emprisonnés en métropole.