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Leur société
Nouveau Front populaire : chamailleries entre marchands d’illusions
Dimanche 16 février, Jean-Luc Mélenchon a inauguré une nouvelle saison de la série « les aventures du NFP ». Le leader de La France insoumise (LFI) caractérise désormais son alliance avec le PS comme « toxique ».
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« Je me suis lourdement trompé, les socialistes n’ont jamais eu l’intention d’être nos partenaires. Ils voulaient se servir de nous » a déclaré Mélenchon. Il a pourtant atteint l’âge de 73 ans, dont 55 de vie politique, a été élu sénateur socialiste pour la première fois en 1986 et a occupé depuis quasiment toutes les fonctions imaginables. Il a été dirigeant du PS au pouvoir et dans l’opposition, puis chef de son propre parti et candidat à l’élection présidentielle. Mais Mélenchon n’en serait pas moins un naïf, un innocent, le ravi de la crèche politicienne que des socialistes machiavéliques auraient trahi. À d’autres !
Le NFP a été constitué par LFI, le PS, le PCF, les écologistes et quelques mouches du coche plus ou moins décoratives le 10 juin 2024 en vue des élections législatives, après la déroute de leurs listes concurrentes à l’élection européenne et l’arrivée en tête de celle du RN. Cette alliance avait un seul ciment, le dégoût légitime des électeurs de gauche devant la montée de l’extrême droite, et une politique : constituer un cartel électoral pour sauver le maximum de sièges. La suite a été, après le premier tour, le front républicain, c’est-à-dire le désistement, même pas toujours réciproque, en faveur des macronistes et de la droite. C’est ainsi que le NFP entra dans la carrière en appelant à voter pour ceux qui aujourd’hui étranglent les travailleurs, de Borne à Darmanin en passant par les amis de Retailleau et ceux de Bayrou. Et chacun, au NFP, revendique comme un titre de gloire ce tour de passe-passe qui a consisté à transformer des ennemis ouverts des travailleurs en sauveurs et contribue à repousser des millions d’électeurs populaires vers le RN.
Aujourd’hui les calculs immédiats des divers larrons divergent. En particulier le PS, parti qui sert fidèlement le grand capital à chaque passage aux affaires depuis plus d’un siècle, fait ce qu’il faut pour que le gouvernement Bayrou perdure, de façon, dit-il, à stabiliser la vie politique. Le PS n’a donc pas voté les deux dernières motions de censure proposées par LFI, s’attirant ce procès en trahison. Les écologistes, qui ont voté la censure, plaident pour le maintien de l’unité, PS compris. Le PCF se divise entre ceux qui n’ont pas voté la censure et les autres, et attend de savoir de quel côté va tomber la pièce. Le spectacle a tout de la comédie car tout ce petit monde se réconciliera d’une façon ou d’une autre dès que de nouvelles nécessités électorales se feront sentir, à commencer par les élections municipales de 2026.
Pendant ce temps, le grand patronat impose sa politique, les sommets de l’État la mettent en œuvre et le gouvernement l’enrubanne d’un discours de plus en plus réactionnaire et xénophobe qui n’a pas grand-chose à envier à celui du RN. Dans cette situation, le NFP, loin de défendre les intérêts des classes populaires, comme il le prétend, a contribué à les désarmer en leur faisant prendre des vessies pour des lanternes ; Darmanin et Retailleau, pour des remparts contre l’extrême droite ; les lois du marché, pour la loi éternelle. Et les quatre partis qui le constituent continuent à le faire, ensemble ou séparément.