Navires abandonnés : des ports pas si francs29/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2948-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Navires abandonnés : des ports pas si francs

D’après un rapport de la Fédération internationale des travailleurs du transport (ITF) il y avait dans le monde, en 2024, 312 navires de commerce à l’abandon. Le long des quais ou au mouillage au fond d’une rade, ils étaient quatre fois plus nombreux qu’en 2020.

À leur bord, 3 133 marins attendent, parfois depuis deux ans, leurs arriérés de salaires, leurs papiers, leurs visas et un pécule pour rentrer chez eux. Ils ne vivent que de la solidarité, celle de l’ITF ou celle des associations locales, sans qui ils mourraient de faim. Les autorités des ports, en revanche, exigent des papiers que les marins abandonnés sont bien en peine de leur fournir, voire les contraignent à rester à bord pour s’assurer de l’entretien minimum de sécurité du bateau.

Personne ne veut payer, ni pour les navires, ni pour les équipages, ni pour les cargaisons, ce qui peut se terminer par une catastrophe. Dans tous les cas, les armateurs de ces quasi-épaves se sont défilés, les propriétaires et destinataires de la cargaison ont disparu, les immatriculations sont fausses ou établies sous pavillon de complaisance, les assurances inexistantes. Outre les dangers liés à la cargaison, il y a les inévitables fuites de carburant et la transformation progressive des navires en tas de ferraille rouillée.

La multiplication des zones franches, ces ports qui n’appliquent pas les règlements internationaux au prétexte de fluidifier le commerce, a facilité le travail aux armateurs indélicats. Ces ports francs, aux autorités complaisantes, sont devenus des lieux rêvés pour se débarrasser d’un navire trop vieux pour être rentable, d’une cargaison dévalorisée, d’un équipage à qui on doit deux ans de salaire ou les trois à la fois.

En mer comme à terre, faciliter les affaires du patronat revient toujours, finalement, à gâcher la vie des travailleurs.

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