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Leur société
Narcotrafic : la vaine agitation de Retailleau
La proposition de loi présentée au Sénat le 28 janvier par le sénateur Les Républicains Étienne Blanc et le sénateur socialiste Jérôme Durain, prétendant combattre le narcotrafic, est venue appuyer la démagogie gouvernementale.
« Les drogues les plus dures sont disponibles partout. […] Il faut se réarmer car c’est une menace existentielle pour notre pays », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Et d’annoncer la création d’un « état-major contre la criminalité organisée qui va comprendre tous nos services de renseignements comme on l’a fait pour le terrorisme ». Le ministre de la Justice Darmanin a renchéri : « Je n’ai pas à attendre la loi du Parlement pour renforcer les moyens contre le narcotrafic. Je vais quasiment doubler le nombre de magistrats dans les prochains mois qui luttent contre lui. » Ces discours ne coûtent rien. Les Darmanin, Retailleau prennent une posture pour tenter de gagner des voix, certainement pas pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les classes populaires.
Ceux-ci sont bien réels : la peur de voir ses enfants devenir dealers ou consommateurs de drogue, ou les deux, l’existence de points de vente tenus par des dealers qui contrôlent véritablement les entrées et sorties des cités, sans parler des règlements de comptes et du danger des balles perdues. Ajouté aux conséquences de la crise, au chômage, à la détérioration de tous les services publics, santé, écoles, transports, tout cela rend la vie plus difficile dans les quartiers pauvres. Et les problèmes ne font que s’aggraver au fil des années.
Mais si la consommation de drogue ne cesse de se développer, ce n’est pas dû à une perte de valeurs morales, à la prétendue violence d’une partie de la jeunesse qu’il suffirait de mettre derrière les barreaux, comme aiment à le répéter les perroquets réactionnaires. Dans cette société qui repose sur la violence de l’exploitation et l’individualisme, la drogue peut apparaître comme la seule manière de tenir. Mais si ce commerce se développe, c’est aussi et surtout parce qu’il est, et depuis bien longtemps, un des plus lucratifs du monde. Ce commerce fait partie du marché capitaliste mondialisé, tout comme un autre. Les dealers qui tiennent les murs des cités ne sont que les petites mains d’un trafic contrôlé à un bien plus haut niveau par de puissantes mafias. Le blanchiment d’argent que les Retailleau et autres prétendent sans rire combattre, est opéré à grande échelle au travers de circuits financiers mondiaux. Autant dire que les gouvernements non seulement ne veulent pas vraiment s’y attaquer, mais qu’ils sont largement impuissants face aux hommes d’affaires, financiers et autres qui prospèrent grâce à la drogue.
Le développement du commerce de la drogue et ses conséquences mesurent la dégradation d’une société où seul l’argent compte. Les moulinets de Retailleau et Darmanin n’y changeront rien.