Montée du racisme : un poison à combattre10/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2919-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Montée du racisme : un poison à combattre

La simple perspective de la victoire électorale du RN a suffi à encourager les paroles, les comportements, voire les agressions racistes. Le sentiment d’être majoritaires dans le pays, la certitude d’être bientôt au pouvoir ont donné des ailes aux plus réactionnaires.

Il y a bien sûr les faits relevés par les médias, comme cet automobiliste qui fin juin à Thiais a renversé un chauffeur de bus scolaire après lui avoir déclaré : « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer. » À cela s’ajoutent toutes les sales plaisanteries, les réflexions, les insultes qui se sont multipliées, que ce soit au travail ou dans la rue.

La gauche peut bien claironner avoir fait barrage au RN, ses idées risquent de s’exprimer de plus en plus, même s’il n’a pas une majorité d’élus au Parlement. Avant même les élections, de petits groupes d’apprentis fascistes se faisaient la main en agressant des immigrés réels ou supposés, des homosexuels, en attaquant des locaux associatifs voire des rassemblements politiques. L’aggravation de la crise peut leur apporter des troupes pour faire pire encore.

Face à ce danger la gauche ne sait qu’en appeler à « l’état de droit », au respect des « valeurs républicaines », et en dernier ressort à la police. Mais celle-ci est gangrénée par les mêmes idées racistes, comme en attestent les contrôles au faciès et les assassinats de jeunes de banlieue pour délit de fuite. Attendre de la loi une protection contre le racisme et les idées réactionnaires est une illusion dangereuse. Alors, plutôt que de subir individuellement et passivement cette montée du racisme, il est possible dès aujourd’hui de parler entre travailleurs, entre collègues, entre voisins des moyens de s’en défendre collectivement. Chercher ensemble à ne pas se laisser faire, à ne pas laisser proférer d’insultes sans réagir, à ne pas laisser des voyous s’en prendre aux nôtres sous prétexte qu’ils n’ont pas la bonne couleur de peau ou la bonne religion, serait la meilleure manière de développer la solidarité entre travailleurs qui est le seul rempart, le seul vrai moyen de se défendre.

Il n’y a que l’organisation des travailleurs eux-mêmes, pour protéger leurs grèves, leurs manifestations, leurs quartiers, qui puisse faire reculer les nervis de l’extrême droite avec ou sans uniforme. La perspective peut sembler lointaine, mais elle risque pourtant de venir brutalement à l’ordre du jour. S’y préparer est dès aujourd’hui une question vitale.

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