Le socialiste Oliver Faure le qualifie ainsi de « réactionnaire » et de « gouvernement le plus à droite de la 5^e République ». C’est probablement vrai. Mais Faure a-t-il pour autant des regrets d’avoir, au nom de l’imposture du « front républicain », fait se désister le candidat socialiste de la 1^re circonscription des Landes, pourtant qualifié au second tour des législatives du début de l’été, pour faire élire députée l’actuelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq ? Ou d’avoir pareillement appelé à voter pour le nouveau ministre de la Réussite scolaire, Alexandre Portier, défenseur de l’école privée au sein des Républicains ? Ou même d’avoir retiré un candidat de gauche pour faire élire la macroniste Panosyan-Bouvet, à présent ministre du Travail ?

De même, en se désistant en Savoie contre un Républicain, le PCF a choisi d’offrir un siège de députée à la macroniste qui a obtenu le portefeuille de l’Économie du tourisme.

À propos de ce nouveau gouvernement qui ne tiendra que grâce à la bienveillance du RN, l’écologiste Marine Tondelier a déclaré : « le racisme est une valeur clé du gouvernement. » C’est bien possible. Mais alors pourquoi, il y a moins de trois mois, avoir fait élire à l’Assemblée le ministre des Affaires étrangères, celui des Finances et celui de la Fonction publique en retirant des candidats écologistes à leur profit ?

Se sentant floué, Jean-Luc Mélenchon a encore répété ces derniers jours : « le NFP a gagné les élections. C’est à lui de composer le gouvernement. » Qu’il se console en pensant qu’il a contribué à composer celui de Barnier en sacrifiant des candidats LFI pour faire accéder à la députation la Modem Valérie Létard et la macroniste Olga Givernet. Ce qui leur a certainement été utile pour devenir, l’une ministre du Logement, l’autre de l’Énergie.

Dans la 5^e circonscription du Doubs, le candidat LFI n’a pas eu à se désister en faveur d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, puisqu’il n’était pas qualifié au second tour. Ce qui ne l’a pas empêché de demander aux électeurs de gauche de voter pour elle au nom d’une « digue face aux idées et propositions nauséabondes du RN » bien que cette politicienne LR ait pris soin de déclarer qu’elle « n’avait absolument rien de commun avec la France insoumise ».

En entendant des ministres à peine nommés s’en prendre aux travailleurs immigrés, chacun peut mesurer à présent à quel point cette« digue » n’en était pas une. À l’annonce de la liste des ministres, le dirigeant du PCF Fabien Roussel a simplement tweeté : « Vite tournons la page. » Sans doute les dirigeants de la gauche préfèrent-ils faire oublier cet épisode…