Annoncé dans un contexte de gel des recrutements et des salaires, le projet prévoit une nette baisse du nombre de postes de travail et la mise en place de plateaux sans cloison (open space) ni bureaux attitrés (flex office).

Forts de l’expérience d’un mouvement contre un projet similaire deux ans auparavant, 50 à 60 salariés de la Drees – service statistique du ministère de la Santé et de la Solidarité – se sont réunis à plusieurs reprises à l’automne, élaborant une pétition afin d’exprimer leurs revendications et de s’adresser aux 2 000 salariés du site, tous concernés mais travaillant dans divers services ministériels.

Le projet de déménagement a vite suscité beaucoup d’inquiétude, d’autant que le cabinet de conseil recruté pour l’occasion semblait s’ingénier à jeter de l’huile sur le feu, promettant d’utiliser la cantine comme « espace de travail alternatif » en cas d’affluence ou prétendant que travailler en open space et contraindre les salariés à changer de place chaque jour encouragerait le travail collectif. Un comité de mobilisation élu à chaque assemblée générale a rédigé les tracts et en a organisé les distributions, auxquelles près de 30 salariés ont participé. C’est ainsi que 90 puis 110 agents de plusieurs services – notamment de la Dares, service statistique du ministère du travail – se sont réunis en décembre et janvier, décidant de se faire entendre à l’occasion des vœux de la ministre Vautrin, sur le site central du ministère, le 24 janvier.

Se retrouvant à une cinquantaine, les salariés ont formé une véritable haie d’honneur, distribuant des tracts et entamant la discussion avec les salariés venus à l’événement. Après la remise de leur pétition – qui a recueilli près de 400 signatures – à la ministre, des membres du comité se sont glissés sur l’estrade : soutenus par leurs collègues brandissant leurs tracts, ils sont intervenus avant celle-ci, au grand dam de la secrétaire générale qui avait fait couper les micros et jouait des coudes pour les écarter du pupitre… à la suite de quoi, ministre, directeur de cabinet et secrétaire générale, sollicités entre deux parts de galette des rois, ont tous promis de recevoir une délégation du comité !

Sans doute sera-t-il nécessaire de se rappeler à leur bon souvenir, mais les salariés sont ressortis contents de s’être fait entendre là où on ne les attendait pas… et déterminés à s’adresser à tous pour ne pas laisser l’Administration faire des concessions aux uns en dégradant la situation des autres.