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Dans les entreprises
Milee : exploitation sans limite
L’entreprise Milee a été mise en liquidation judiciaire, c’est-à- dire officiellement en faillite lundi 9 septembre : 5 000 salariés vont se retrouver à la rue, après 5 000 autres qui avaient déjà été licenciés pendant la procédure de redressement judiciaire.
Société de distribution de prospectus publicitaires, Milee s’appelait autrefois Adrexo et se positionnait en concurrente de La Poste pour la distribution du courrier. Elle a préféré changer de nom suite au fiasco dû à son incapacité de distribuer une partie des plis électoraux lors des élections régionales de 2021, un marché dont elle avait obtenu la charge et surtout le paiement sans avoir le personnel nécessaire pour l’assurer.
Pendant des années les dirigeants de Milee ont exploité sans vergogne des travailleurs en difficulté. Seul un millier d’entre eux sont employés à temps plein. Les autres sont des retraités qui complètent ainsi une pension ne permettant pas de vivre, ou des salariés pauvres qui y trouvent un supplément de salaire. Ils distribuent les prospectus avec leur véhicule personnel, payés au smic horaire, en faisant des kilomètres et des heures non payés. Tout semble être permis chez Milee.
L’entreprise était déjà passée de 18 000 à 10 000 salariés jusqu’à ce que deux PSE, le nom officiel des plans de licenciement, soient mis en œuvre en mars et en mai dernier en licenciant la moitié du personnel. Les conditions dans lesquelles Milee s’est débarrassée de ces 5 000 salariés n’ont rien eu à envier à la manière dont elle les exploitait. Certaines familles attendent depuis plusieurs mois de recevoir leur dû. L’entreprise se moque éperdument d’assurer le suivi des dossiers pour AGS, l’organisme chargé de garantir le paiement des salaires des travailleurs. Elle se prétend dans l’incapacité de le faire. Les licenciés n’ont ainsi touché ni les congés payés, ni les soldes de tout compte auxquels ils avaient droit. Quant aux travailleurs épargnés par le PSE de mai et désormais licenciés, ils étaient payés en retard depuis des mois, parfois en trois fois.
Aujourd’hui, les 10 000 travailleurs que comptait l’entreprise se retrouvent tous à la rue. Mais pendant que des familles n’ont plus de quoi vivre, les actionnaires peuvent continuer à mener la belle vie. Le trio qui possède l’entreprise figure encore dans le dernier numéro de la revue Challenges parmi les 500 premières fortunes professionnelles de France, avec un magot estimé à 260 millions d’euros.