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- Lutte ouvrière n°2952
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Dans les entreprises
Michelin – Cholet : l’usine paralysée
Vendredi 21 février, le mouvement des travailleurs de Michelin- Cholet, dans le Maine-et-Loire, a pris de l’ampleur, au point de mettre l’usine quasiment à l’arrêt.

Dès 8 heures ce jour-là, à l’initiative du comité de lutte des travailleurs de Michelin Cholet, une quarantaine de salariés ont fait le tour des ateliers de l’usine afin d’entraîner un maximum de leurs camarades à demander des comptes au patron. La tournée a payé et, à 9 heures, 150 salariés ont pris à partie la direction pour lui dire en face leur révolte. Révolte face au montant de l’indemnité de licenciement annoncée, toujours bloquée à 40 000 euros brut ; face à une direction locale qui, derrière des paroles doucereuses, se contente de dire qu’elle ne peut qu’attendre les décisions de la direction nationale ; face à l’obligation de pointer tous les jours et de produire dans une usine qui sera fermée avant l’été. La direction, devant les travailleurs en colère, n’en menait pas large.
À 11 h 30 puis à 13 heures, l’intersyndicale a refait le point, devant des centaines de salariés, sur l’avancée des négociations au siège du groupe à Clermont-Ferrand, ou plutôt leur non-avancée, comme les négociateurs eux-mêmes l’admettent. Dans ce cadre-là aussi, le mécontentement s’est exprimé, plus visiblement que lors des réunions d’information précédentes. Les syndicats ont alors décidé d’appeler les travailleurs à la mobilisation à partir du lundi 24, à 8 heures. Et ils ont déclaré à l’inspection du travail un « danger grave et imminent » (DGI) : ils considèrent que la fermeture annoncée de l’usine et le refus de la direction d’améliorer le « plan d’accompagnement » placent les salariés dans une situation de danger du point de vue de leur santé.
Lundi 24, le comité de lutte a diffusé dès 5 heures son tract d’appel à la mobilisation, afin d’appeler les travailleurs du matin au rassemblement devant les bureaux de la direction, à 8 heures. Au rendez-vous, 200 salariés étaient là, plus nombreux encore que le vendredi, et l’usine s’est vite retrouvée paralysée. En effet, quand les syndicats, s’appuyant sur le DGI, ont proposé aux présents d’exercer leur « droit de retrait », cela a été approuvé à l’unanimité, tellement la coupe est pleine. Et ce vote unanime a donné le moral et l’impulsion pour agir ensemble. Une centaine de travailleurs sont montés à la DRH redire leur insatisfaction. Puis de plus petits groupes se sont répandus dans les ateliers, pour aller expliquer aux chefs et aux cadres le sens de cet arrêt de travail.
Une assemblée générale animée par le comité de lutte à midi a de nouveau réuni 70 travailleurs, dont une partie s’est placée aux portillons pour inviter l’équipe de l’après- midi à les rejoindre. L’ambiance y était, la production n’a pas repris et, à l’assemblée de 16 heures, les travailleurs se sont retrouvés à une centaine pour discuter de leur mouvement.
Face à cette mobilisation et à ce changement de climat, la direction marche sur des œufs. Des chefs qui voulaient retenir des salariés aussi tard et longtemps que d’habitude ont été désavoués par la direction, qui a accepté un départ à 17 heures pour tous ceux de l’après-midi. De même elle a accepté que l’équipe du matin pointe à 7 heures au lieu de 5 heures. Ces petits reculs ont été ressentis comme des victoires, à mettre à l’actif de l’action collective. Si bien que, mardi 25 février, la mobilisation se poursuivait et l’usine restait à l’arrêt.
Pour autant, rien n’est réglé. La direction peut tenter de jouer la montre en espérant siffler la fin de la partie fin mars, comme prévu dans son calendrier de « négociations ». Mais, pour les travailleurs, il y a au contraire urgence à faire monter la pression sur Michelin et les pouvoirs publics, notamment en cherchant à faire que leur colère déborde l’enceinte de l’usine et se voie à l’extérieur. Leur cause est populaire et ils auraient tout à gagner à s’adresser, plus largement encore qu’ils ne l’ont déjà fait, à d’autres travailleurs. Les actions des derniers jours montrent en tout cas qu’ils en auraient l’énergie.