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Mayotte : propagation du choléra, l’État responsable
Les élus mahorais ont été invités le 17 mai dernier à l’Élysée, pour discuter avec Macron et ses ministres de deux projets de loi sur Mayotte. Pour les travailleurs, rien de bon ne peut en sortir.
Le premier projet contient des mesures qui vont encore durcir la répression contre les immigrés, et des promesses qui ne seront jamais réalisées en matière de développement de l’île. Quant au second, c’est la fin du droit du sol, vieux rêve de l’extrême droite française en passe d’être réalisé par Macron. Et pendant que les politiciens occupent leur temps dans les salons parisiens, la population voit sa situation se dégrader toujours plus.
Le choléra a fait une nouvelle victime, samedi 25 mai. Cette femme de 62 ans s’était rendue aux urgences la veille mais avait été renvoyée chez elle. Le directeur de l’hôpital se justifie en prétendant que l’état de la patiente n’entrait pas dans « les critères de prise en charge ». En réalité, elle est décédée à cause du manque de moyens et de personnel qui poussent à renvoyer toujours plus de malades, soit chez eux, soit vers des dispensaires moins bien équipés que l’hôpital. Des soignants ont récemment témoigné d’une situation catastrophique. Selon eux, plusieurs décès auraient pu être évités.
Il y a désormais trois foyers de la maladie à Mayotte, dans les quartiers les plus pauvres où les habitants n’ont pas accès à l’eau potable. Le Covars (Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires, qui regroupe des médecins et spécialistes) alertait les autorités dès le 3 avril sur le danger d’une épidémie de choléra et rappelait début mai la nécessité d’assurer l’accès à l’eau dans les bidonvilles. Plus d’un mois plus tard, rien ou presque n’a été fait. Les rampes d’eau annoncées par l’ARS restent invisibles dans bien des quartiers. Alors l’épidémie continue de se propager.
Pour le moment, on recense deux morts et 125 cas officiels de choléra. Mais ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité. Les habitants sans papiers se terrent dans les bidonvilles, par peur d’être expulsés par la police, en raison des contrôles multipliés pendant l’opération Place Nette XXL, nouveau nom de l’opération Wuambushu. Certains travailleurs ne sortent plus que la nuit. Les petits commerçants se plaignent d’une réduction de leur chiffre d’affaires, depuis que les vendeurs à la sauvette, qui se fournissaient chez eux, ont disparu. Dans ce climat de peur, les clandestins qui tombent malades ne vont pas se signaler ou tenter de se rendre au Centre hospitalier. D’autres voient aussi leurs logements détruits par l’État, dans le cadre de cette même opération. Ils sont alors obligés de trouver une habitation encore plus précaire, et l’accès à l’eau devient encore plus difficile, les exposant d’autant plus à la maladie.
Le choléra est une maladie du sous-développement, mais à Mayotte, il est alimenté par un autre fléau : celui de la répression policière contre les plus pauvres.