- Accueil
- Lutte ouvrière n°2923
- Massacre de Thiaroye : l’impérialisme français et ses crimes
Leur société
Massacre de Thiaroye : l’impérialisme français et ses crimes
Le gouvernement vient de déclarer à titre posthume six tirailleurs africains « morts pour la France. » Cette décision « s’inscrit dans la droite ligne mémorielle du président de la République, qui souhaite que nous regardions notre histoire en face », s’est félicité le secrétaire d’État aux Anciens combattants.
Ceux que l’armée appelait les tirailleurs sénégalais, quel que soit leur pays d’origine, avaient, comme des dizaines de milliers de jeunes hommes des colonies françaises, été envoyés comme chair à canon sur les fronts de la Seconde Guerre mondiale. Une fois revenus au Sénégal et parqués dans le camp de Thiaroye, ils avaient eu le courage d’exiger le paiement de la solde qui leur était due en tant que soldats et, pour beaucoup, en tant que prisonniers de guerre. Le 28 novembre 1944, plusieurs centaines ayant bloqué la voiture d’un général pour faire valoir leurs droits, celui-ci parla aussitôt d’une mutinerie qu’il fallait combattre par la force.
Deux jours plus tard, les soldats rassemblés dans la cour furent mitraillés sans sommation. Officiellement, le nombre de victimes fut de 35 morts et 46 blessés. En réalité, il fut certainement beaucoup plus élevé. Des historiens ont en effet chiffré à plusieurs centaines l’écart entre le nombre de soldats embarqués au départ de la France et celui de ceux regroupés ensuite dans le camp de Thiaroye.
Accumulant les mensonges, les falsifications de documents, les prétendues preuves rédigées après les faits, la « grande muette » qu’est l’armée française a couvert pendant des décennies les assassinats commis de sang-froid contre ces soldats africains qui ne faisaient que réclamer justice. Pourquoi la reconnaissance d’aujourd’hui ne concerne-t-elle que six victimes et ne parle-t-elle pas des dizaines d’autres massacrées sur ordre des officiers français ? Ce tout petit geste des autorités françaises envers le gouvernement sénégalais ne fera pas oublier qu’après 80 ans de silence quasi total, l’impérialisme français n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans cette tuerie.