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Leur société
Macron : en pleine dissolution
Pour sortir d’une crise politique encore approfondie par son piètre score aux élections européennes, Macron a donc choisi de dissoudre l’Assemblée et de provoquer de nouvelles élections de députés.
En 2017, ce président était sorti du chapeau du grand patronat, soutenu par la plupart des médias, pour remplacer les équipes de droite et de gauche, Sarkozy puis Hollande, usées par leur passage au pouvoir. Il avait dû en définitive son élection, puis sa réélection en 2022, au fait d’être opposé à Le Pen au second tour, une candidate dont la grande bourgeoisie se méfiait encore et qu’une grande partie de la population récusait à juste titre.
Comme tous ses prédécesseurs, Macron a appliqué à la lettre les consignes des possédants : serrer la vis au monde du travail, de façon à dégager les fonds nécessaires au maintien des profits des grandes entreprises et de leurs actionnaires. Il a voulu dissimuler ses attaques contre les travailleurs, les retraités et les chômeurs, les baisses des budgets sociaux, le délitement de l’hôpital et de l’école, en s’aidant de discours démagogiques copiant ceux de l’extrême droite. Sa prétention, son mépris des petites gens, autant que sa politique, ont logiquement suscité une haine générale dans les milieux populaires et un puissant rejet électoral. Lui qui avait promis de supprimer toute raison de voter RN a provoqué l’inverse, une montée inédite de l’extrême droite. Le 9 juin, le vote RN des milieux populaires a été en grande partie un vote anti-Macron.
En provoquant de nouvelles élections, Macron tente de rejouer la pièce de 2017 et 2022, celle du barrage à Le Pen. Il parie sur le discrédit de la gauche d’un côté et le repoussoir RN de l’autre, pour agréger le centre autour de lui. Mais pour le moment il y a peu de candidats pour embarquer sur son Titanic. La gauche a rapidement fait un accord pour tenter de sauver ses places. Une partie de la droite, en la personne de Ciotti, président de LR, a accepté une alliance avec le RN, après il est vrai avoir depuis longtemps repris son programme. Quant aux députés macronistes eux- mêmes, ils tentent de sauver leur siège en se démarquant du président.
Le Mozart de la finance, le plus jeune Président depuis Louis-Napoléon Bonaparte, l’incarnation de Jupiter s’est donc usé en sept ans, sans gloire, abandonnant quasiment la place à cette extrême droite dont il prétendait protéger le pays. À ce jour la Bourse, c’est-à-dire la bourgeoisie, ne s’est pas beaucoup émue de ses cabrioles politiques. Elle sait qu’il lui reste au moins deux recours : l’alliance droite extrême droite d’un côté, la nouvelle mouture de l’union de la gauche de l’autre. La seule chose qui pourrait inquiéter les puissants serait un mouvement profond venant du monde du travail pour imposer ses exigences.