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Leur société
Macron et la guerre : mythifier la dernière, préparer la prochaine
Entre le 5 et le 7 juin Macron devait être omniprésent dans les médias, participant à toutes les cérémonies commémoratives du débarquement du 6 juin 1944, devisant avec les chefs d’État, discourant devant les caméras.
Devant un tel déferlement, les porte-parole des partis de gouvernement reprochent au président de monopoliser les écrans, voire de s’approprier l’histoire de France deux jours avant le scrutin du 9 juin. Si l’opération politique de Macron crève les yeux, l’hypocrisie de son opposition de salon est tout aussi évidente. D’une part, tous les présidents ont utilisé de telles commémorations pour leurs buts politiques et diplomatiques du moment. D’autre part et surtout, à quelques nuances près, les partis de gouvernement sont d’accord sur le fond : il s’agit de présenter la Seconde Guerre mondiale comme l’affrontement des vertueuses démocraties contre les dictatures fascistes et de se revendiquer de cet idéal trafiqué pour justifier la politique guerrière de 2024.
Le débarquement du 6 juin 1944 sur les plages normandes fut une opération meurtrière pour les soldats, accompagnée de bombardements non moins meurtriers pour la population civile. Mais elle ne fut qu’une péripétie du gigantesque affrontement entre puissances impérialistes pour le repartage du monde, entre 1935 (invasion de l’Éthiopie par l’Italie) et 1945 (bombardements d’Hiroshima et Nagasaki). Ce conflit était la suite logique, encore plus sanglante, de la première convulsion impérialiste de 1914-1918 qui n’avait rien réglé et surtout pas mis fin au système capitaliste.
Les régimes nazi allemand, fasciste italien et militaire japonais étaient bien sûr des dictatures criminelles. Leurs méfaits, de l’extermination des Juifs d’Europe aux massacres de paysans en Chine, sont bien connus. Mais que dire de la France et de la Grande-Bretagne qui se battaient pour garder leurs colonies peuplées de centaines de millions de prolétaires sans droits, exploités, affamés, assassinés ? Que dire des États-Unis qui n’hésitèrent pas à larguer deux bombes atomiques sur un pays déjà à genoux pour démontrer leur puissance ? De plus, cinquante millions de morts, des souffrances et des destructions sans nombre n’auront finalement débouché que sur la continuation du système de domination capitaliste, sans que jamais la guerre cesse sur la planète et jusqu’à ce qu’elle menace aujourd’hui de se généraliser à nouveau. Voilà la « victoire » et la « libération » que célèbrent aujourd’hui Macron, ses collègues des grands pays impérialistes et ses complices et adversaires des partis de gouvernement.
Macron réutilise la légende usée de la lutte des démocraties contre les dictatures pour ses intérêts actuels. Les adversaires ont changé, aujourd’hui, les grandes puissances occidentales s’arment et entraînent à la fois leurs armées et leurs opinions publiques contre la Chine et la Russie, évitant donc au passage d’inviter celle-ci aux commémorations...
Les cérémonies commémoratives sont pour Macron l’occasion d’une minable opération électorale. Mais elle s’inscrit aussi dans le cadre de la préparation à la guerre, menée conjointement par tous les partis bourgeois, qui votent les crédits militaires dans tous les pays impérialistes, sous couvert de soutien à l’Ukraine ou autrement.