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Leur société
Lutte contre l’antisémitisme : le mensonge gouvernemental
« Personne ne peut nier cette déferlante antisémite », a déclaré Gabriel Attal au dîner annuel du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France, au soir du 6 mai.
Plus tôt dans la journée avaient eu lieu les « assises de lutte contre l’antisémitisme » prévues depuis des mois, sous l’égide d’Aurore Bergé, la ministre chargée de la lutte contre la discrimination.
À cette occasion, elle avait convié la LICRA, SOS Racisme, des représentants des principaux cultes et des témoins. Elle a dénoncé « la haine ordinaire, alimentée par les extrêmes, [qui] se déverse sur les réseaux sociaux, mais aussi dans nos rues, nos écoles, nos universités ».
De quoi parle Aurore Bergé ? Il est certain que l’antisémitisme est un fléau, un relent d’un passé putride, qu’il s’agisse des pogromes des 19e et 20e siècles ou de l’extermination engagée par le nazisme, auquel l’État français des années 1940 avait apporté son aide. L’antisémitisme, comme tous les racismes, entretient la haine entre les groupes humains. Il a bien souvent été utilisé pour les jeter les uns contre les autres, plutôt qu’ils ne se tournent contre leurs exploiteurs et leurs oppresseurs communs.
Mais il est clair que le gouvernement réitère l’opération politicienne qu’a constituée la manifestation du 12 novembre dernier, organisée par le président du Sénat, Larcher, et la présidente de l’Assemblée nationale, Braun- Pivet, et à laquelle ont participé, derrière les mêmes slogans, les macronistes, le PS, le PCF et le RN, confondus dans un même prétendu « sursaut républicain ». Curieusement, les « extrêmes » que prétend dénoncer la ministre de Macron sont situés à la gauche de la gauche. Les « extrêmes » semblent la perturber moins lorsqu’ils défilent non loin d’elle sous le drapeau lepéniste !
Le gouvernement se sert en fait de la dénonciation de l’antisémitisme et de sa montée, réelle ou supposée, pour voiler son soutien à la politique guerrière de Netanyahou, approuvée par les autres grandes puissances.
Or dénoncer la politique criminelle du gouvernement israélien n’a rien à voir avec l’antisémitisme, c’est-à-dire avec la haine des Juifs en général, que Netanyahou prétend représenter. Justifier les bombardements de toute une population au nom de la défense des Juifs contre l’antisémitisme est une imposture. Mais le gouvernement français, comme les autres, tient à entretenir cette confusion.
Au passage, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, les hommes au pouvoir tentent de passer sous silence d’autres formes de racisme, ô combien anciennes elles aussi et encore tellement fréquentes, à l’égard des travailleurs maghrébins, sénégalais, maliens, ivoiriens, filles et fils de peuples auparavant colonisés par la France.
Hypocrite, cynique, le calcul du gouvernement est d’autant plus dangereux qu’il ne fait qu’attiser les haines imbéciles et, partant, prend sciemment le risque d’encourager les réactions des racistes de tout bord.