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Dans le monde
L’aide au développement dans le viseur
Donald Trump a ordonné la suspension pour trois mois de tous les programmes d’aide internationale des États-Unis, à l’exception de l’aide alimentaire d’urgence, de celles susceptibles de sauver des vies, et évidemment de l’assistance militaire destinée à Israël et à l’Égypte.
L’agence américaine pour le développement international (USAID) a donc été brutalement fermée, ses employés mis en congé administratif dès le samedi 1er février. Trump a aussi signé un décret pour que les États-Unis se retirent au 22 janvier 2026 de l’OMS (l’Organisation mondiale de la Santé) et qu’ils cessent dès maintenant toute collaboration, alors qu’ils contribuent à 18 % du budget de cet organisme onusien.
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, justifie la fermeture de l’USAID par ces mots : « Nous devons nous assurer que cela correspond à notre intérêt national. » De son côté, Musk la traite de « nid de vipères de marxistes radicaux de gauche qui détestent l’Amérique ». Trump accuse : « L’OMS nous a escroqués. » Derrière des décisions unilatérales, il y a donc une opération de communication vis-à-vis des électeurs trumpistes, une volonté de mise au pas des fonctionnaires qui ont l’aide en charge, ainsi que des ONG impliquées.
Comme cela a déjà été le cas les jours suivant les annonces de Trump, plusieurs revirements sont possibles mais la panique s’est emparée des organismes internationaux ou des ONG, qui hésitent à critiquer les décisions américaines pour tenter d’échapper aux foudres du président. Les États-Unis sont effectivement les premiers contributeurs de l’aide au développement. Mais ramené au revenu national brut, leurs 64 milliards en représentent 0,24 %, le même pourcentage que celui consacré par l’Espagne ou la Tchéquie. En 2023, les Nations unies avaient fixé comme objectif aux pays donateurs qu’ils consacrent 0,7 % de leur revenu national brut à ces aides. Seuls cinq pays ont dépassé ce pourcentage. Et pour l’année 2025, la plupart des pays européens ont déjà revu à la baisse leur contribution.
Cette aide, présentée comme altruiste, est loin de l’être. Les sommes prêtées ou données sont utilisées pour des programmes très divers et souvent assorties de clauses visant à utiliser les marchandises ou les entreprises des pays donateurs. Les aides sont ainsi un moyen d’influencer la politique des pays concernés, d’orienter leurs choix économiques et de financer des moyens militaires, voire des guerres. C’est le cas depuis le début de leur déploiement dans le contexte de la guerre froide, en particulier de la part des États-Unis, et pour assurer leur domination. Cependant, une partie des moyens de l’OMS et de l’aide publique au développement contribue aussi à soulager les populations à qui ils s’adressent. Ils permettent d’employer des dizaines de milliers de salariés qui en vivent. Leur baisse drastique serait une catastrophe.
Présenter ces aides comme étant une contribution des pays riches pour assurer le progrès des populations qui subissent l’impérialisme est une escroquerie. Mais le gouvernement américain se sert de cette légende pour détourner contre d’autres le mécontentement d’une partie de son électorat et imposer ses choix à ses partenaires et ses fonctionnaires.