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- Lutte ouvrière n°2915
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Leur société
Juin 1944-juin 2024 : les mensonges d’hier et d’aujourd’hui
« Ici sur les côtes normandes, la bataille entre la tyrannie et la liberté allait se jouer. » C’est par ces mots que le président américain Biden a ouvert son discours lors des célébrations du débarquement du 6 juin 1944.
Le régime de Hitler faisait peser une dictature féroce et barbare contre la population européenne, à commencer par celle d’Allemagne. Mais jamais la Deuxième Guerre mondiale ne fut un combat entre le bien et le mal, entre la liberté et l’oppression. Il faut rappeler qu’aux États-Unis, dans les années 1940, les Noirs américains des États du Sud étaient soumis aux lois ségrégationnistes, que des lynchages y restaient courants et impunis. La légende d’une administration américaine imprégnée de sentiments humanistes tombe quand on se souvient qu’en Algérie il fallut attendre près d’un an après le débarquement des troupes américaines, en novembre 1942, pour que les lois vichystes soient abolies, en particulier les discriminations contre les Juifs. En fait, l’engagement des États-Unis dans la guerre se fit pour asseoir leur puissance dans le monde et défendre les intérêts économiques de leurs industriels et de leurs banquiers.
Biden a servi l’habituelle légende sur la Deuxième Guerre mondiale et l’intervention américaine au service exclusif du bien, de la démocratie et de la liberté. Mais il n’a pas seulement parlé du passé car, au centre de son discours, la guerre actuelle en Europe a rapidement pris le dessus : « L’Ukraine a été envahie par un tyran [...] Nous ne pouvons pas capituler face aux tyrans, c’est impensable », a-t-il déclaré. Quand Biden parle de liberté, il ne s’agit pas de celle des Vietnamiens, des Irakiens, des Afghans ou de tous les peuples victimes des guerres menées par l’impérialisme américain depuis la Deuxième Guerre mondiale, ni de la population palestinienne de Gaza écrasée par son allié israélien. Par de tels discours, le dirigeant de la première puissance mondiale entend préparer les jeunes d’Europe ou d’Amérique à payer de nouveau le prix du sang pour que triomphent les intérêts capitalistes.