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Dans le monde
J. D. Vance et l’UE : deux styles pour des politiques semblables
Vendredi 14 février, à l’ouverture de la conférence de Munich sur la sécurité, le discours du vice-président américain, J. D. Vance, a provoqué l’indignation des représentants européens.
Ce forum annuel réunit le gratin de la diplomatie internationale, en particulier de l’OTAN, de l’Union européenne et de la Chine. Les chefs d’État, ministres, et ambassadeurs présents sont bien plus habitués aux ambiances feutrées et à la langue de bois diplomatique. Mais le comparse de Trump, lui, n’a pas mâché ses mots. Il a reproché aux dirigeants européens de ne plus défendre des « valeurs démocratiques communes ». Vance n’a pas eu à chercher bien loin pour citer l’annulation de l’élection en Roumanie, suite à la victoire d’un candidat populiste pro-Poutine qui ne plaisait pas à l’Union européenne. Et, de fait, cette annulation a été présentée comme une victoire de la démocratie par les dirigeants occidentaux.
J. D. Vance adopte le langage brutal de la nouvelle administration américaine. Il a dans son viseur la taxe sur les services numériques – ex-taxe « GAFA » –, conçue pour faire payer les géants américains du secteur, Google, Amazon, Meta et Apple en particulier. Cette taxe a rapporté 277 millions lors de sa création en 2019, 680 millions en 2023, et 756 millions en 2024. Même si elle est dérisoire par rapport aux gigantesques profits de ces entreprises, le vice-président américain veut obtenir son retrait. Il a donc dénoncé les « excès » de la réglementation sur les réseaux sociaux, qui étoufferaient selon lui la liberté d’expression, mieux vaudrait dire la liberté d’expansion des géants américains de la tech.
Les dirigeants européens, qui se montrent si choqués par le style de J. D. Vance, font en fait exactement la même chose pour défendre les intérêts de leurs patrons nationaux. Ils ont cependant l’habitude d’agrémenter cette défense d’un vernis fait de discours sur le droit et la démocratie. Au fond, ce qu’ils reprochent au vice-président américain est d’avoir fait voler ce vernis en éclats, et avec lui, le voile d’hypocrisie et le mensonge dont ils habillent leurs petits calculs.