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Israël-Liban : vers une escalade guerrière ?
La guerre va-t-elle s’intensifier entre Israël et le Hezbollah, alors que depuis huit mois, les tirs de roquettes lancées par celui- ci, depuis le sud du Liban vers le nord d’Israël, en soutien au Hamas, sont quotidiens.
Récemment, le Hezbollah a eu recours à des drones lance-missiles qui ont pénétré plus en profondeur en Israël, déjouant les systèmes d’alerte.
Les attaques israéliennes, elles, ne visent plus seulement la zone frontalière mais aussi plus à l’est du Liban et la plaine de la Bekaa. Les échanges de tirs jusque-là mesurés se sont intensifiés et ont provoqué des dégâts humains et matériels de chaque côté de la frontière. 120 000 Libanais et 80 000 Israéliens ont été déplacés et on dénombre depuis octobre 450 morts dont 90 civils côté libanais, et 26 morts dont 11 civils côté israélien.
Jusqu’à présent, les deux protagonistes ont évité de franchir une ligne rouge qui les entraînerait dans une nouvelle guerre que ni eux ni leurs parrains respectifs, les États-Unis et l’Iran, ne souhaitent. Mais l’actuelle intensification des attaques s’accompagne dans les discours d’une surenchère guerrière qui pourrait présager une extension de la guerre.
Dans la guerre qu’il mène à Gaza, malgré les massacres de civils et les destructions, Netanyahou a échoué à faire libérer les otages et à éradiquer le Hamas comme il en avait la prétention. Celui- ci continue à harceler les forces israéliennes et ses représentants sont invités à négocier les termes d’une trêve que Netanyahou et ses ministres d’extrême droite refusent. Impopulaire et contesté avant la guerre, Netanyahou peut craindre que la fin de la guerre signifie sa mort politique. Pour prolonger son pouvoir, il a tout intérêt à ce que la guerre dure et que la population israélienne continue à vivre dans la crainte. Aussi Netanyahou exploite-t-il de plus en plus le conflit avec le Hezbollah et se dit « prêt pour une opération très intense » à sa frontière nord avec le Liban. Il obéit aussi à la pression de l’extrême droite, qui en appelle à une intervention militaire qui règlerait son compte au Hezbollah et viserait Beyrouth. Il est aussi sous la pression des 80 000 déplacés qui ne peuvent pas rentrer chez eux. Se lancera-t-il dans un nouveau front aux conséquences bien plus graves ? Les responsables de l’état-major israélien ne cachent pas leur volonté de repousser le Hezbollah afin qu’il évacue la zone frontière au-delà du fleuve Litani, mais il ne semble pas qu’ils soient prêts à lancer une armée déjà mobilisée à Gaza et en Cisjordanie dans une telle offensive. Dans le contexte actuel cela signifierait envahir le Sud-Liban et engager des forces considérables. D’après des témoignages, la lassitude s’installe dans les rangs de l’armée israélienne, alors que cette guerre est déjà la plus longue de son histoire. Par ailleurs, les responsables de l’état- major israélien savent que le Hezbollah est un adversaire plus aguerri et redoutable que le Hamas.
En réalité, le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ne souhaite pas se lancer dans un conflit frontal avec Israël. Lors de ses tirs de roquettes, le Hezbollah dit prendre soin d’épargner au maximum les civils israéliens. Alors que la population libanaise est hostile à une nouvelle guerre et subit une crise sociale sans précédent, le Hezbollah ne veut pas apparaître comme l’agresseur et le responsable de l’escalade. Mais avec la prolongation de la guerre à Gaza et la fuite en avant de Netanyahou, une nouvelle guerre n’est pas exclue.