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Israël-Liban : la guerre à outrance
Prête à tout pour écarter les témoins de ses exactions dans la guerre qu’elle mène au Liban, l’armée israélienne a fait entrer le 13 octobre plusieurs de ses chars dans une base de la Finul, la force d’interposition de l’ONU présente dans le sud du pays, après avoir blessé plusieurs de ses membres les jours précédents.
Ces attaques contre la Finul, sommée par Netanyahou de « quitter sans délai la zone de combat » ont provoqué des protestations du côté des chefs d’État dont les soldats présents en tant que casques bleus sont harcelés et menacés. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, qui cache son impuissance derrière des mots forts, a dénoncé « un crime de guerre ». Cela ne changera rien : depuis 1978, il y a presque cinquante ans, l’ONU déploie cette Force d’interposition au Liban sans qu’elle ait empêché ni la guerre entre les différentes fractions armées libanaises ni les occupations israéliennes précédentes. Sermonné par Guterres et l’ONU mais soutenu sans faille par Biden et les États-Unis, Netanyahou peut continuer à se livrer à ses provocations et à répandre la mort et la destruction en toute impunité.
À Gaza, les bombardements continuent, par exemple sur le camp de réfugiés de Jabalia où une centaine de personnes ont été tuées ces jours-ci. Le parlement israélien s’apprête à interdire toute intervention à Gaza ou en Cisjordanie à l’Unrwa, cette agence de l’ONU chargée depuis 1948 de ravitailler, éduquer et soigner les réfugiés palestiniens qui dépendent largement de son action. À Jérusalem-Est, l’Unrwa est harcelée depuis des mois (incendies, arrêtés d’expulsion…) pour l’obliger à quitter son siège historique.
Au Liban, l’armée israélienne intensifie sa guerre. Ses chars, avions, canons et drones continuent de détruire des villages du sud ou de la plaine de la Bekaa, des immeubles et des quartiers entiers de Beyrouth. Sous prétexte de combattre le Hezbollah, les dirigeants israéliens tuent et blessent des milliers de civils et en transforment des dizaines de milliers d’autres en réfugiés.
Les généraux israéliens ont théorisé cet usage disproportionné de la force sous le nom de « doctrine Dahiya », en référence au quartier de Beyrouth contrôlé par le Hezbollah et bombardé en 2006 par l’armée israélienne. Après avoir transformé Gaza en champ de ruines sous prétexte de traquer le Hamas, ces généraux sont engagés dans la même entreprise de destruction au Liban. Et ils ne visent pas seulement les quartiers à majorité chiite, encadrés par le Hezbollah. Ils visent tous les quartiers et toutes les communautés qui composent le Liban, ce pays qui est une mosaïque de cultures et de religions aux multiples variantes.
Les dirigeants israéliens répètent aux habitants du Liban : « Pour avoir la paix, débarrassez-vous du Hezbollah ! » Outre l’ineptie d’une telle injonction adressée en bloc à toute une population, elle revient à un véritable appel à la guerre civile, au regard du rôle joué par le Hezbollah dans l’État libanais. Certains bombardements israéliens, contre une église à Tyr, contre des villages « mixtes » au sud, n’ont pas d’autre objectif que de dresser les différentes communautés contre les chiites supposés soutenir le Hezbollah.
Si cette politique cynique des dirigeants israéliens peut en effet réactiver la guerre civile qui a ravagé le Liban pendant quinze ans, elle peut aussi souder l’ensemble de la population contre l’État israélien lancé dans une guerre sans fin qui se généralise à l’échelle de la région.