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Internes des hôpitaux : pénurie organisée
Le Journal officiel vient d’annoncer que le nombre de postes d’internes en médecine pour l’année 2024-2025 sera réduit de 1 510 postes, passant de 9 484 à 7 974, avec de nombreuses disparités en fonction des régions et des spécialités.
Ainsi, il y aura 634 postes de médecine générale en moins à l’échelle nationale, et 79 en moins dans les spécialités d’urgences et de réanimation. Les internes assurant des gardes dans les services d’urgences et de réanimation des hôpitaux, cette diminution aura des conséquences néfastes sur la prise en charge des malades. Elle se traduira par une augmentation du temps de travail des internes et par une désorganisation des services qui fonctionnent grâce à la présence continue de ces médecins en formation. Cela s’ajoutera à la pénurie d’infirmiers et d’aides-soignants, aux fermetures de lits ou de services, et rallongera encore le temps d’attente aux Urgences qui fonctionnent déjà en mode dégradé.
Pour justifier cette diminution, le gouvernement prétend qu’il ajuste le nombre de postes d’internes au nombre d’étudiants en 6e année de médecine. Ce nombre est en baisse car, ces cinq dernières années, des réformes consécutives ont modifié les modes d’évaluation et de classement des futurs médecins et notamment le concours d’entrée dans l’internat.
Parmi de nombreux changements, une épreuve orale a été introduite, sous le prétexte – qui pourrait sembler légitime – d’évaluer les futurs médecins, non seulement sur leurs connaissances scientifiques médicales, mais aussi sur le plan de leur comportement et de leur pratique. Mais cette épreuve, jugée arbitraire et mal organisée, a été boycottée par de nombreux candidats, qui ont préféré ainsi redoubler et attendre une année supplémentaire pour devenir internes. La réponse gouvernementale a été de diminuer massivement le nombre de postes dans de nombreuses spécialités, en prétendant ajuster l’offre à la demande.
Renvoyer la responsabilité de cette réduction sur les étudiants en médecine est d’un cynisme sans nom. Car c’est tout le système de formation des médecins qui fabrique la pénurie. Ainsi, l’ancien « numerus clausus » qui restreignait depuis 1971 le nombre de futurs médecin a été remplacé par un « numerus appertus ». Le nombre de médecins diplômés est établi chaque année par les ARS (agences régionales de santé) en accord avec les hôpitaux et les facultés. Pour fixer ce nombre, les ARS ne prennent pas seulement en compte les besoins en médecins mais aussi la capacité d’accueil limitée des étudiants dans les hôpitaux et les facs, et bien d’autres paramètres plus flous.
Or, pour pallier le manque chronique de médecins, ce n’est pas 9 000 nouveaux médecins qu’il faudrait former chaque année, mais au moins 15 000. Les chiffres sont du même ordre pour les infirmiers et les aides-soignants.
Face aux inquiétudes, le gouvernement explique qu’il palliera le manque d’internes en recrutant des médecins formés à l’étranger sous des statuts de FFI (faisant fonction d’interne).Mais il n’envisage pas de les embaucher définitivement, ni de leur donner des droits égaux à leurs collègues formés en France.
Tout cela montre que le gouvernement se moque d’augmenter massivement le nombre de soignants pour l’ajuster aux véritables besoins de toute la population et permettre de supprimer les déserts médicaux et d’assurer le fonctionnement de tous les hôpitaux.