Intelligence artificielle : vraie folie spéculative29/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2948-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Intelligence artificielle : vraie folie spéculative

Lundi 27 janvier, les places boursières du monde entier, les traders et les commentateurs craignaient que le ciel leur tombe sur la tête : l’action de Nvidia perdait 17 %, entraînant la volatilisation de 590 milliards de dollars.

Nvidia est, ou plutôt avait réussi à faire croire qu’il est le concepteur, le fabricant et le distributeur exclusif de composants indispensables au développement des programmes d’intelligence artificielle. Cette technique nouvelle spectaculaire, basée sur la puissance de gigantesques parcs d’ordinateurs et les raffinements du calcul statistique, a logiquement suscité l’engouement du public et l’intérêt des financiers. La sortie et le succès immédiat de ChatGPT en novembre 2022, accompagnés d’une campagne médiatique internationale ont enclenché la machine spéculative, sur tout ce qui touche cette technologie, dont, croyait-on, les entreprises américaines avaient l’exclusivité. Le cours de l’action de Nvidia a explosé, portant sa capitalisation totale à plus de 3 500 milliards de dollars, la première au monde.

Le décalage entre le bénéfice réel de l’entreprise, 61 milliards de dollars en 2024, et sa valeur supposée de 3 500 milliards paraîtrait suspect à un écolier connaissant les quatre opérations. Mais les médias, les banques, les Musk et les Bezos ont continué à faire monter la sauce. L’inévitable Trump, à peine élu, a déclaré que l’intelligence artificielle était l’avenir et a offert un investissement de 500 milliards de dollars, promettant de décupler la fortune de la bande de voraces qui l’entoure. Le cours des actions a continué de monter, entraînant celui des sociétés alliées et des producteurs d’énergie, dont l’IA de Nvidia et ChatGPT consomme des quantités industrielles.

Puis, patatras, DeepSeek, une société chinoise, a mis en service une intelligence artificielle au moins aussi performante que ChatGPT et ses semblables mais produite sans les processus coûteux de Nvidia et sans sa consommation invraisemblable d’énergie. Les marchés, comme ils disent, ont aussitôt perdu confiance dans la technologie ChatGPT, entraînant la chute du cours des actions des sociétés de tout le secteur.

Alors que la sphère financière est démesurément gonflée, l’éclatement de la bulle Nvidia peut précipiter une crise catastrophique ou se résorber, pour cette fois. Quoi qu’il en soit, ce énième spasme boursier aura montré, outre l’outrecuidance des Trump, Musk et consorts, que l’intelligence artificielle est bien peu de chose auprès de la stupide rapacité naturelle du capital.

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