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Îles Chagos : décolonisation en trompe-l’œil
Le 3 octobre, le gouvernement britannique a annoncé la rétrocession de l’archipel des Chagos à l’île Maurice. Mais l’État britannique y gardera un pied... pour le compte de l’impérialisme américain.
En 1968, alors que l’Empire britannique avait déjà renoncé à ses principales colonies, il avait accordé l’indépendance à l’île Maurice – à condition de conserver dans son giron l’archipel des Chagos, constitué de 55 îlots au nord de l’océan Indien. Contre quelques millions de livres, le nouveau gouvernement mauricien avait cédé à ce chantage exercé depuis le début des négociations en 1965.
Diego Garcia fut rapide- ment mise par le gouvernement britannique à la disposition de l’armée des États-Unis et lui servait de base arrière pour ses bombardements de masse sur le Vietnam. Malgré les protestations des exilés et de leurs milliers de descendants, cette situation perdura pendant des décennies. Diego Garcia s’avéra de nouveau fort utile aux impérialismes américain et britannique lorsque, au nom de la « guerre contre le terrorisme », ils envahirent l’Afghanistan en 2001 et l’Irak en 2003.
Les démarches des Chagossiens devant l’ONU et diverses instances internationales ont donc fini par payer dans les limites fixées par les grandes puissances. Les exilés encore en vie et leurs familles sont certes autorisés à revenir sur deux îles. Mais la Grande-Bretagne préserve ce qui pour elle est essentiel : sa mainmise sur Diego Garcia. Elle va donc continuer à louer les lieux aux États-Unis jusqu’en 2036 au moins, pour qu’ils y stationnent leurs navires, leurs bombardiers et les milliers de soldats allant avec. Utile aux massacreurs occidentaux au temps de la guerre froide, cette citadelle entre Afrique et Asie est ainsi prête à resservir pour les prochaines boucheries.
Cerise sur le gâteau colonial, Diego Garcia sert aussi à enfermer des demandeurs d’asile : soixante Tamouls qui fuyaient le Sri Lanka y sont enfermés depuis trois ans, sans perspective de libération ni d’accueil.