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Guyane : Macron “complètement à l’Est”
En route pour un sommet au Brésil, Macron s’est arrêté en Guyane lundi 25 mars. À son programme, figuraient surtout des séances photo au cœur de la forêt amazonienne ou sur la base spatiale de Kourou et des promesses aux politiciens locaux.
Si les élus guyanais de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) attendent peut-être quelque chose des promesses de Macron sur un futur statut d’autonomie, pour la grande majorité de la population, le président est « complètement à l’Est » comme le titrait le journal France Guyane et vient « baratiner avec des baratins » comme l’en a accusé un habitant de Cayenne.
Inspiré par sa visite à un village reculé de l’Amazonie, Macron s’est écrié « Je pense que c’est très important de redire, aux confins de la République, qu’il n’y a pas de doubles standards. On les défend ici, comme partout ailleurs. » Les Guyanais savent à quel point c’est faux !
Le département est l’un des plus pauvres : le taux de chômage y est deux fois plus élevé qu’en métropole et le taux de pauvreté presque quatre fois plus élevé. Les salaires sont bas alors que les prix des produits alimentaires, dont une partie sont importés, flambent. Les fonctionnaires bénéficient d’une sur-rémunération de vie chère d’environ 40 %, mais la majorité des salariés ne touchent rien de tel. Quant à la retraite, de nombreux travailleurs étaient déjà obligés, avant la réforme inique de Macron, de travailler jusqu’à 67 ans pour espérer partir avec une pension complète.
Dans les services publics, le sous-investissement de l’État est criant. Dans l’éducation on manque d’enseignants, mais aussi de salles de classe. Encore plus qu’ailleurs, les promesses d’Attal et de son « choc des savoirs » prêtent à sourire. Dans l’Ouest, à Saint-Laurent-du-Maroni, cinq collèges sur six sont en sureffectif, rendant les conditions de travail difficiles. Au Lycée Tarcy à Saint-Laurent, les élèves de première n’auront pas de cours d’histoire-géographie cette année, par manque de professeur dans la discipline. Dans les hôpitaux aussi on manque de médecins et d’infirmiers : l’hôpital ne peut fonctionner que grâce à la réserve sanitaire, constituée de volontaires venus de métropole pour pallier la pénurie dans les services.
La dégradation se ressent dans toute la société avec l’augmentation de la violence et de l’insécurité. La jeunesse, sans réelle perspective d’avenir et à la recherche de moyens pour vivre, se tourne vers la délinquance, ce dont profitent les trafiquants de drogue, qui utilisent les jeunes comme « mules ».
Macron a beau se vanter des moyens mis en œuvre pour lutter contre l’orpaillage illégal, la situation désespérée des travailleurs légaux ou illégaux contraints à y travailler, et les pollutions au mercure subies par la population ne sont pas près de s’arrêter en l’absence d’autres perspectives. Ce n’est de toute façon pas le problème de Macron, plus intéressé par les milliards de profits que pourrait rapporter l’exploitation d’Ariane 6.