Guerre commerciale : l’impasse du protectionnisme05/02/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/02/P16-1_OK_Lupo_capitalisme_avenir.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C934%2C526_crop_detail.jpg

Leur société

Guerre commerciale : l’impasse du protectionnisme

Les menaces de guerre commerciale et fiscale de Trump, combinées au chantage à la délocalisation des milliardaires français, ont donné lieu à un concert de déclarations patriotiques visant à la défense des entreprises françaises face à leurs concurrents.

Illustration - l’impasse du protectionnisme

Bardella, en bon roquet du capital, a tenu à se faire l’avocat de Bernard Arnault, l’homme aux 200 milliards, et de ses congénères en prétendant sans rire qu’il « faut soutenir les capitaines d’industrie quand ils sont écrasés par une fiscalité étouffante ». Il a fait huer le nom de Sophie Binet, secrétaire de la CGT, pour sa déclaration « les rats quittent le navire » à propos des PDG du CAC 40 qui se disent prêts à déménager les usines si on ose écorner leurs dividendes. En effet, la seule patrie des capitalistes est leur compte en banque, d’ailleurs souvent à l’abri dans les paradis fiscaux. Ils n’emploient pas de salariés par philanthropie, mais uniquement si ceux-ci leur rapportent. Sinon, c’est le licenciement, la fermeture de l’entreprise, sans fleurs ni couronnes. « L’intérêt ne pense pas, il compte », disait Marx.

C’est exactement cette soif insatiable du profit maximum qui explique l’épidémie actuelle de plans de licenciements. La question est donc pour le mouvement ouvrier de s’y opposer. Une mobilisation générale du monde du travail est la seule voie pour imposer de prendre sur les profits indécents de quoi garantir emplois et salaires.

Malheureusement, telle n’est pas la perspective défendue par Sophie Binet. « Ce qu’il faut c’est protéger nos frontières et protéger notre industrie. Il faut que ces grands patrons se fassent entendre et réclament des barrières douanières face à l’industrie chinoise ou à l’industrie américaine », a-t-elle déclaré sur BFM.

À plusieurs titres, c’est vouloir engager les travailleurs dans une impasse. D’une part, Binet supplie ainsi ces mêmes « rats » de protéger le navire plutôt que de le quitter. Il y a peu de chance que ce conseil figure dans les manuels de navigation. Elle désigne d’autre part les industries chinoise et américaine comme les adversaires de « notre industrie ». Cela revient aussi à présenter les travailleurs de ces pays comme des adversaires pour ceux de France. Les capitalistes cherchent à mettre partout les travailleurs en concurrence, d’une entreprise à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un pays à l’autre. Ils cherchent aussi par ce biais à enrôler les travailleurs dans la guerre économique qu’ils se mènent entre eux. Et comme toutes les guerres, celle-ci se mène avec la peau des bidasses et non celle ddes généraux. Et voilà que la secrétaire générale de la CGT joint sa voix au concert, alors qu’au contraire, les travailleurs de tous les pays doivent se retrouver autour de leurs intérêts communs.

Les statuts de la Première Internationale, créée en 1864, disaient déjà : « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes (…) Tous les efforts jusqu’ici ont échoué, faute de solidarité entre les ouvriers des différentes professions dans chaque pays et d’une union fraternelle des travailleurs de chaque contrée ». C’est toujours vrai.

Il est possible qu’avec l’aggravation de la crise, les puissances impérialistes, tout comme dans la crise des années 1930, multiplient les mesures protectionnistes, le relèvement des barrières douanières ou les manipulations monétaires. À l’époque, ces mesures avaient contribué à l’effondrement du commerce international et de la production industrielle mondiale, et finalement débouché sur la Deuxième Guerre mondiale.

Les travailleurs n’ont pas à implorer les capitalistes de prendre telle ou telle voie, libre- échangiste ou protectionniste. Ils doivent bien plutôt se préparer à prendre la direction du navire qui fonce vers l’abîme.

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