- Accueil
- Lutte ouvrière n°2928
- Grenoble : meurtre de Lilian, les travailleurs sous le choc
Leur société
Grenoble : meurtre de Lilian, les travailleurs sous le choc
Dimanche 8 septembre, à 7 h 30, Lilian Dejean, responsable du service de la Propreté urbaine (PU) à la commune de Grenoble, a été lâchement assassiné alors qu’il venait de prendre son service.
Témoin d’un accident de la route devant la mairie, il a été tué à bout portant par le chauffard qu’il voulait empêcher de fuir.
Lilian est mort quelques heures plus tard à l’hôpital. Son décès a provoqué un immense choc parmi tous ses collègues. Lilian, responsable de service très apprécié, était aussi un militant CGT actif et combatif. Lundi 9 septembre, tous les agents de la PU réunis se sont rendus en cortège devant la mairie. L’après-midi, quelques centaines de personnes, agents, militants, habitants, ont rendu hommage à leur camarade lors d’un rassemblement organisé par Éric Piolle, le maire EELV de Grenoble.
Mardi 10, le travail n’avait toujours pas repris à la PU car les travailleurs restaient bien décidés à faire entendre leurs revendications auprès de la municipalité. Ils exigent, entre autres, que leur sécurité soit prise en compte lorsqu’ils travaillent dans les quartiers gangrenés par les trafics, où ils sont régulièrement menacés et insultés.
Le drame de la mort de Lilian s’inscrit dans un contexte de violence qui frappe l’agglomération grenobloise. Rares sont les semaines où il n’y a pas au moins une fusillade, au nombre de sept durant le seul mois d’août. Ces dernières années, les points de deal, répandus partout, engendrent des règlements de comptes. Et bien sûr les classes populaires des cités sont les premières à souffrir, chaque jour, de ces trafics et incivilités.
Politiciens, élus, pouvoirs publics ont toujours la même réponse à la bouche : plus de police et une justice intraitable. Ils ont beau vouloir jouer les Rambo, le trafic de drogue n’a jamais été aussi florissant. Le maire de Grenoble est aujourd’hui attaqué par la droite et l’extrême droite pour son refus de répandre des caméras dans la ville et d’armer sa police municipale. Comme si cela allait arrêter les trafics ! Dans la banlieue voisine, la ville d’Échirolles a une police armée et dispose de nombreuses caméras. Elle est pourtant une des villes les plus exposées aux trafics et à la violence armée.
Toute cette propagande sécuritaire démagogique n’est en fait qu’un cache-misère des vrais problèmes de fond : des quartiers sont devenus des ghettos, avec des taux de chômage record, des écoles et collèges défaillants, des services publics fermés, l’absence de prévention, d’aide à l’enfance, etc. Tous les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont participé à la dégradation des conditions de vie des cités ouvrières, dont ils se fichent complètement.
Alors, si les malfrats ont encore de beaux jours devant eux, ils ne sont que le reflet, à leur petit niveau, d’un système où règne la loi du plus fort, du plus riche, de ceux qui peuvent se payer bijoux, fringues et bolides de luxe, sans parler de la vente d’armes. Comme l’a exprimé notre camarade Alain Ziegler, employé municipal, militant ouvrier et ami de Lilian : « Laisser cette délinquance de la drogue, cette délinquance financière, cette délinquance de l’armement, tuer notre camarade, ça me met en colère. Cette société est pourrie et à changer. »