- Accueil
- Lutte ouvrière n°2992
- Grande cause Santé mentale : “cause toujours”
Leur société
Grande cause Santé mentale : “cause toujours”
« La prolongation de la Grande cause santé mentale en 2026 est une excellente nouvelle et une invitation à transformer l’élan collectif en actions durables », tel est le satisfecit que s’est décerné le gouvernement fin novembre.
Il n’y a pourtant pas de quoi se féliciter. Déjà, l’appellation de « grande cause nationale » n’est qu’une suite de mots creux, sans aucun moyen financier supplémentaire. Elle permet juste d’avoir quelques spots publicitaires gratuits dans les médias, et ce n’est pas cela qui pourra guérir les victimes d’une maladie mentale, la plupart des causes étant à chercher dans des conditions de vie défavorables. Ainsi, selon les statistiques du gouvernement, qu’il s’agisse du logement, du manque de sommeil, des risques professionnels, de l’isolement social ou des difficultés d’accès à des soins, 30 % des personnes en situation précaire souffrent de troubles psychiatriques. Et la création de 168 équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP), réparties sur tout le territoire pour donner quelques séances d’accompagnement gratuites, ne pourra remplacer toutes les structures de soin mises à mal par les gouvernements successifs.
Les jeunes aussi connaissent la dépression et les troubles psychiques, fréquents, surtout dans les milieux populaires et dès l’âge de 3 ans, qui se manifestent par des sautes d’humeur, l’isolement, des difficultés scolaires, etc. Des activités sportives disparaissent peu à peu, faute de moyens financiers. Les piscines font défaut, de même que les salles permettant entre autres de faire du judo, du volley ou du ping-pong, et les encadrants sont de ce fait plus rares. Cela est aussi vrai dans les établissements scolaires, qui continuent à subir des coups de rabot sur les budgets. Il manque des infirmières, des assistantes sociales, des psychologues et aussi des assistants d’éducation, plus proches par l’âge et auxquels les jeunes en difficulté peuvent plus facilement se confier.
Les services publics de santé subissent chaque année des coupes claires parmi le personnel, qui ne peut faire face aux besoins. Il y a de moins en moins de centres médico-psychologiques, de psychiatres dans les hôpitaux, et de plus en plus de personnes âgées isolées parce que les municipalités ne peuvent plus financer de services sociaux. En même temps, la pauvreté et la précarité, principales causes de déséquilibre mental, augmentent : ainsi, 46 % des ménages n’arrivent plus à boucler les fins de mois.
Que les pauvres paient par leur santé leurs conditions de vie et de travail n’est pas un fait nouveau, c’est aussi ancien que l’exploitation qu’ils subissent pour faire la fortune des nantis. Mais le fossé entre les deux classes sociales ne cesse de s’agrandir. Ni l’étalage hypocrite de bons sentiments ni les spots télévisés débiles, proposant de sourire à ses voisins comme un geste suffisant pour vaincre les maladies mentales, ne le combleront. Il faudra plutôt un « élan collectif » des classes populaires pour chasser et changer cette société.