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Dans le monde
Gaza : silence, on tue
Suite aux bombardements de l’armée israélienne qui ont fait au moins six morts, un immense incendie a ravagé le port d’Hodeïda, dans l’ouest du Yémen. Il risque d’aggraver une situation déjà catastrophique en empêchant l’arrivée de l’aide humanitaire, seul moyen de manger pour plus de 16 millions d’habitants.
Malgré le scandale que représente ce bombardement, le gouvernement israélien sait qu’il n’a pas à craindre la moindre critique même hypocrite des puissances impérialistes. En effet, depuis le début de la guerre entre les rebelles dits « houthistes » et la dictature au pouvoir au Yémen, soutenue par l’Arabie saoudite, les grandes puissances impérialistes soutiennent sans limite celle-ci. Bien que cette guerre ait déjà fait des centaines de milliers de morts, en particulier des civils victimes de la famine et du manque de soins, la France a continué sans sourciller à vendre des armes à l’Arabie saoudite. Quant aux États-Unis, non seulement ils l’ont toujours soutenue, mais ils sont même intervenus directement contre les rebelles houthistes, quand ils s’en sont pris aux navires commerciaux passant par la mer Rouge.
Netanyahou s’est donc senti libre de faire bombarder Hodeïda, justifiant cette attaque contre la population civile yéménite par le fait que des missiles ont été envoyés par les Houthistes sur Israël et qu’un drone a atteint Tel-Aviv le 20 juillet, faisant un mort. Cela ne mettra pas fin aux attaques des rebelles houthistes et ne peut que contribuer à aggraver la tension. Mais Netanyahou, en visant les Houthistes comme il a visé le Hezbollah et l’Irak, tient à rappeler aux dirigeants des grandes puissances qu’Israël est leur allié contre tous ceux qui contestent leur ordre au Moyen-Orient. Ils sont donc priés de ne pas trop faire les difficiles face à sa politique à Gaza.
Et en effet le régime israélien a bien les coudées franches pour poursuivre sa politique de massacre des Palestiniens aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie. Le lendemain du bombardement du port d’Hodeïda, l’armée israélienne imposait aux civils de fuir à nouveau la ville de Khan Younès au sud de Gaza, une nouvelle fois bombardée et envahie par les blindés. Toujours sous le prétexte d’éradiquer le Hamas, ces actes de guerre cherchent en réalité à rendre la survie encore plus difficile pour les Gazaouis. Sans nourriture, sans eau, sans soins, sans abris et sans savoir où aller, la population civile ne peut que se terrer, subir les bombardements et regarder les enfants mourir de faim, de maladie ou d’épuisement.
Cette politique ne se limite pas à Gaza. En Cisjordanie, dans la nuit du 22 au 23 juillet, le camp de réfugiés de Tulkarem a aussi été bombardé et occupé par les chars de l’armée israélienne. La destruction des infrastructures dans ce camp où vivent plus de 40 000 personnes vise aussi à empêcher les Palestiniens de continuer à vivre dans ce territoire occupé depuis 57 ans par Israël. Les Palestiniens de Cisjordanie sont de plus en plus chassés de leurs terres, de leurs villages. Les colons israéliens leur mènent la guerre et n’hésitent pas à assassiner ceux qui résistent.
La récente déclaration de la Cour internationale de justice jugeant illégale l’occupation par Israël de ces territoires est venue s’ajouter à de nombreuses déclarations analogues venues de l’ONU depuis des années et restées sans conséquence. Après des dizaines d’années d’occupation, de spoliations et d’une colonisation systématique visant à rendre un retour en arrière impossible, elle n’en aura pas plus. Elle n’est qu’une facette de la politique des grandes puissances, qui voudraient afficher des préoccupations humanitaires alors qu’elles arment le gouvernement israélien et laissent faire ses massacres, tant elles trouvent intérêt à sa politique.