Extrême droite : les yeux fixés sur la mangeoire04/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2927-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Extrême droite : les yeux fixés sur la mangeoire

Après être sorti en tête de l’élection européenne et du premier tour des législatives, le RN attend son heure qui, croit-il, sonnera au prochain scrutin.

Depuis le 9 juillet, tout au long de la comédie du Premier ministre introuvable, les rares prises de position du RN ont visé à le faire apparaître comme un parti responsable, apte à gouverner, garant de la stabilité et de la tranquillité publique. Le Pen et Bardella ont commencé par condamner d’avance tout gouvernement du Nouveau Front populaire et même tout gouvernement qui comprendrait des ministres issus de LFI, présentée comme l’« extrême gauche ». Ils l’ont fait exactement dans les mêmes termes que les macronistes, la droite et surtout le Medef, proclamant que toute augmentation des salaires ruinerait le pays et que toute atteinte aux grandes fortunes ferait fuir les investisseurs.

Plus elle s’approche du pouvoir, plus l’extrême droite fait allégeance au grand patronat. D’ailleurs, ses prises de position au Parlement européen comme dans les exécutifs régionaux parlent pour ses élus. Partout et toujours ils ont voté pour laisser les mains libres au patronat. Sur les augmentations de salaire, par exemple, Le  Pen dit qu’il faut exonérer les employeurs de cotisations sociales de façon qu’ils puissent verser en salaires l’argent économisé. Cela convient évidemment au Medef, dont cela rejoint les discours.

Le 2 septembre, devant « la gravité de la situation financière », Marine Le Pen demandait que Macron veuille bien réunir le Parlement. Il s’agirait d’assumer des mesures d’économies propres à sauver le pays. Elles seraient évidemment faites aux dépens des classes populaires.

Le 3 septembre, en sortant d’une nouvelle entrevue avec Macron, Le Pen et Bardella faisaient un pas de plus vers la respectabilité. En effet, ils offrent désormais leur soutien à un éventuel « gouvernement technique ». Un tel gouvernement mènerait la politique de Macron sans en avoir la tête d’affiche, et s’engagerait à instituer les élections à la proportionnelle, dont le RN est partisan. Contre la promesse d’une rente parlementaire perpétuelle, le RN aiderait donc Macron dans la politique antiouvrière exigée par le grand patronat, intégrant du même coup le cercle des partis de gouvernement.

La respectabilité du RN se mesure aux cravates de ses députés et à ses promesses de mettre un garrot aux travailleurs, y compris à ceux qui votent pour lui.

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