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Leur société
Expulsions : des milliers de personnes à la rue
Avec la fin de la trêve hivernale, les expulsions locatives ont repris depuis le 1er avril. Elles risquent d’être encore plus nombreuses que les années précédentes, alors qu’elles avaient déjà atteint un niveau record en 2023.
En 2023, 21 500 ménages, soit environ 47 000 personnes, ont été expulsés de leur logement avec intervention de la police, contre 17 500 en 2022, soit une augmentation de 23 % ! C’est le double par rapport à 2010 et le triple par rapport au début des années 2000. Et ces chiffres ne rendent pas compte de l’ampleur du phénomène car beaucoup auront quitté leur logement avant l’arrivée de la police. Cette année, selon la Fondation Abbé Pierre, au total 140 000 personnes, soit l’équivalent d’une ville comme Clermont-Ferrand, sont menacées de perdre leur logement faute de pouvoir payer leur loyer.
À l’évidence, il ne faut pas compter sur l’État pour empêcher ces drames, pas même pour en atténuer le nombre ou pour trouver une solution de relogement. Il continue de ponctionner les HLM, dont les loyers augmentent même s’ils restent inférieurs à ceux du secteur privé, et leur construction est en berne, ce qui prive les ménages expulsés de la possibilité de retrouver un logement stable avec un loyer moins cher. Ils rejoignent les 330 000 personnes sans domicile fixe, les 2,6 millions de demandeurs de logement social et les 93 000 ménages reconnus comme prioritaires mais non relogés. L’hébergement d’urgence étant saturé, davantage de personnes se retrouvent à la rue.
Il est vrai que dans les discours, il est encore parfois question de « prévention des expulsions », mais les aides au logement ont baissé de 2,6 milliards d’euros entre 2017 et 2022, entrainant une baisse de plus de 800 000 du nombre de bénéficiaires, ainsi que des montants pour la plupart revus à la baisse, sans parler des difficultés accrues pour constituer des dossiers. Les fonds départementaux de solidarité pour le logement, qui aident les ménages en difficulté à payer leur loyer, ne répondent pas à l’augmentation des demandes, certains ont resserré les critères d’attribution et réduit le montant des aides. Tout pousse à ce que la précarité s’accroisse, dans le domaine du logement aussi.
Le 8 février dernier, Guillaume Kasbarian a été nommé ministre du Logement après avoir été, en tant que député macroniste, à l’origine de la loi dite antisquat, votée en juillet dernier, qui facilite les expulsions. Plus qu’un symbole, c’est l’affirmation que la bourgeoisie complète sa liberté de licencier les travailleurs par celle de les expulser de leur logement.