Hôpitaux de Marseille : Grève aux urgences10/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1626.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Marseille : Grève aux urgences

A Marseille, suite à l'agression d'une infirmière par un alcoolique dans le service des urgences de l'hôpital Nord, dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 septembre, le personnel du service s'est mis en grève aussitôt. Il a été rejoint par le personnel des urgences des deux autres hôpitaux marseillais de l'AP-HM, (Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille), qui assure les urgences, la Conception et Sainte-Marguerite.

Les agressions aux Urgences se répètent. Il y a eu, entre autres, un pugilat général en janvier entre un malade et sa famille et des membres du personnel, au cours duquel des brancardiers et aides-soignants avaient été blessés. En juillet une infirmière était agressée à l'hôpital Nord par un toxicomane, très récemment un alcoolique frappait une infirmière de l'hôpital Sainte-Marguerite. Et finalement la dernière agression, celle d'une infirmière qui avait déjà été attaquée, déclenchait la grève.

C'est le manque cruel de personnel qui rend la situation aussi périlleuse. A Marseille les services d'urgence de plusieurs hôpitaux ont été supprimés. Ils ont été regroupés sur trois hôpitaux.

A l'hôpital Nord, c'est un service qui comprend l'accueil, les salles de soin et quinze lits d'hospitalisation, (dont cinq de psychiatrie), alors qu'il n'y en avait que cinq il y a trois ans. Mais le personnel est resté le même, ce qui est très insuffisant. Si quelqu'un part à la retraite, s'il est en congé ou en maladie, il n'est pas remplacé. Quand la situation est par trop catastrophique on appelle par téléphone celles qui ne sont pas en service. Il n'est pas rare d'être ainsi sollicitée pour changer de vacation. Il est même arrivé qu'on réveille quelqu'un en pleine nuit pour lui demander de changer d'horaire.

L'été dernier la direction n'a pas engagé de personnel en remplacement : elle a préféré fermer sept lits. Or tous sont pourtant nécessaires puisque les quinze lits sont toujours pleins.

Des problèmes identiques, il y en a dans tous les hôpitaux qui accueillent des urgences, mais l'hôpital Nord est le plus touché car il draine les malheurs des quartiers les plus pauvres de Marseille - les quartiers Nord et le centre ville. Il reçoit 200 personnes par jour. En plus des cas d'urgence, des gens qui n'ont pas les moyens d'aller chez un médecin de ville viennent pour être pris en charge dans ce service, car il n'y a pas de médecine généraliste à l'hôpital.

Le manque de personnel est tellement criant que la moyenne d'attente des malades aux Urgences de l'hôpital Nord est de 7 heures. Ce qui veut dire que certains attendent plus encore ! On conçoit que certains puissent s'énerver...

Il manque des médecins, il manque des infirmières et des aides-soignants, il n'y a pas d'assistante sociale à temps plein. Il manque des ASH (Agent de service hospitalier) et des brancardiers. Actuellement une seule ASH doit faire les quinze lits, nettoyer la salle de pansement et les bureaux des médecins et des infirmières.

D'après la responsable CGT de l'AP-HM, à l'hôpital de La Conception : " Un grand nombre de patients viennent aux Urgences pour éviter d'avoir à faire l'avance d'argent à un médecin de ville. En embauchant sur chaque site un médecin généraliste qui serait chargé de ces urgences les moins graves, on désengorgerait le service. Si le personnel se sent un peu rassuré par le retour d'une antenne de police, il faut le demander, mais il reste que la solution ne peut être que l'embauche de personnel médical, paramédical et socio-éducatif ".

Les syndicats ont appelé à la grève. Mais tous les grévistes ont été réquisitionnés et travaillent pour assurer ce qui est appelé le " service minimum ", c'est-à-dire en fait le service tel qu'il est assuré normalement.

Tout ce que la direction de l'AP-HM proposerait, ce serait d'embaucher plus de vigiles, d'installer une antenne policière et d'embaucher des emplois-jeunes pour servir de médiateurs. Ce qui est en cause pourtant et qui est ressenti, c'est le manque alarmant de personnel comme le disent les infirmières : " Quand j'arrive et que je vois que nous ne sommes que deux ou que je suis seule, je travaille avec un pincement au coeur, mais quand nous sommes quatre ou cinq, je travaille sans inquiétude ".

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