Travail des femmes : Toujours une flagrante discrimination10/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1626.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Travail des femmes : Toujours une flagrante discrimination

Un rapport parlementaire très explicite sur l'inégalité qui règne entre les hommes et les femmes au travail vient d'être remis à Jospin. Il montre qu'en ce domaine, les beaux discours électoraux sur la parité ou l'égalité tenus par tel ou tel responsable politique de gauche comme de droite cachent une tout autre réalité, au quotidien, sur les lieux de travail.

Il est d'ailleurs douteux que Jospin fasse grand-chose après lecture de ce rapport et il est tout à fait probable que les femmes continueront à pâtir en première ligne des attaques patronales.

En effet, il y a déjà eu des lois votées en 1972 sur l'égalité dans le travail, puis en 1983 (la loi Roudy) pour inscrire dans les textes officiels le principe de non-discrimination en matière de salaires, de formation, de promotion et d'embauche. Mais force est de constater, à la lecture de ce nouveau rapport, combien ce principe est peu appliqué dans les faits. Nombreuses sont les femmes qui travaillent, puisqu'on estime que 80 % d'entre elles travaillent entre 25 et 55 ans. Mais elles sont loin d'être dans la même situation que les hommes. Ainsi dans des postes identiques, les femmes touchent en moyenne 27 % de moins que leurs homologues masculins. De plus, elles sont particulièrement victimes des bas salaires puisque 80 % des salariés qui touchaient en 1997 moins de 3 650 F étaient des femmes ! Enfin, bien que plus diplômées en général que les hommes, à compétences égales elles progressent moins vite. Dans la hiérarchie les femmes se font rares : il n'y a ainsi que 7 % de femmes cadres dans les 5 000 premières entreprises du pays. Les chiffres montrent aussi qu'elles restent cantonnées à certains secteurs professionnels (santé, éducation, travail social, personnel de service...).

Plus grave encore, car ce phénomène s'est intensifié avec la flexibilité ces dernières années, les femmes souffrent de plus en plus des contrats à temps partiel souvent subis et non choisis, peu payés, avec des horaires que le rapport qualifie d'" atypiques ". C'est-à-dire des horaires irréguliers, commençant avant 8 heures ou après 18 heures, ou bien encore le week-end... quand ce n'est pas le travail de nuit, étendu aux femmes sous prétexte d'égalité ! Autant d'horaires bien difficiles à concilier avec une vie de famille. D'autant plus qu'elles ont en général la charge des tâches domestiques - qui reposent toujours à 80 % sur les femmes !

Elles sont moins organisées pour se défendre que les hommes dans les syndicats où, là aussi, le nombre des femmes diminue au fur et à mesure qu'on monte dans les postes à responsabilité et, à ce titre, elles sont souvent oubliées dans les négociations. Les patrons les surexploitent en profitant au maximum de la pression exercée par la menace du chômage, en particulier dans la classe ouvrière où les postes réservés aux femmes sont durs et mal payés.

Un constat qui montre que la lutte des femmes (et des hommes) pour changer tout cela reste plus que jamais indispensable.

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